L'utilisation de ce métal aux vertus antimicrobiennes dans la robinetterie, les poignées de portes et autres éléments de mobilier, pourrait permettre de limiter les infections nosocomiales.
Lundi, quelques jours avant la journée mondiale sur la résistance bactérienne organisée le 7 avril par l'Organisation mondiale de la santé, l'université a réalisé, en partenariat avec l'Institut européen du cuivre, une expérience impressionnante diffusée en direct sur Internet. La quasi intégralité des 10 millions de staphylocoques dorés résistants à la méticilline (un antibiotique courant) déposés sur un morceau en cuivre d'un cm2 sont tués en moins de huit minutes. Sur une surface témoin en inox, les bactéries continuent au contraire à se développer. «Les ions cuivres en surface sont intégrés dans le métabolisme des microbes et conduisent à la formation de molécules qui viennent perturber leur respiration», explique au figaro.fr le microbiologiste Bill Keevil, microbiologiste à Southampton et pionnier de ce domaine de recherche.
Après les premiers travaux encourageants menés en 2006, des chercheurs mènent dès l'année suivante une expérience in situ de 18 mois à l'hôpital de Birmingham. Essai réussi : les éléments en cuivre (poignées, plaques métalliques, etc.) présentent globalement entre 90 et 100% de micro-organismes en moins par rapport aux surfaces analogues en inox à la fin de la journée (résultats publiés dans The Journal of Hospital Infection). Une étude similaire menée au Chili donne des résultats approchants. D'autres expériences sont en cours en Allemagne, en Grèce, en Afrique du Sud et au Japon.
Pour le moment, aucun résultat sur le bénéfice direct pour les patients n'a été publié. Aux Etats-Unis, où les propriétés microbicides de 282 alliages en cuivre ont été reconnues par les autorités depuis 2008, les scientifiques regardent si l'utilisation de ces matériaux dans le mobilier permet effectivement de limiter le nombre d'infections. «Nous attendons les premiers résultats en mai et en juin», confie le directeur du centre d'information sur le cuivre Olivier Tissot, très optimiste sur leur nature. D'après lui, les autorités sanitaires françaises attendent justement ces résultats pour réfléchir à d'éventuelles recommandations tout en soulignant que l'utilisation de cuivre ne remplacera jamais les mesures actuelles d'hygiène (se laver les mains entre chaque patient, etc.).
Une frilosité bien compréhensible : cette nouvelle piste de lutte contre les infections, aussi encourageante soit-elle, a un coût. Le Cigma de Laval, premier établissement en France à expérimenter le cuivre, a déboursé 35.000 euros pour ses équipements novateurs. Autant dire que remplacer tous les éléments métalliques des lits, des brancards, des portes battantes ou encore des stéthoscopes et des cuvettes de toilettes dans les hôpitaux représenterait un investissement considérable. Pas impossible toutefois que le jeu en vaille la chandelle : un rapport du Sénat sur les politiques de santé publique estimait en 2006 entre 730 millions et 1,8 milliards d'euros le surcoût lié aux infections nosocomiales.
Tristan Vey, Le Figaro, 06/04/2011.
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