jeudi 5 mars 2015

Femmes du monde arabe en lutte pour l’émancipation


France 3 diffuse ce jeudi soir, malheureusement à une heure tardive, un documentaire qui retrace toute l’histoire du féminisme arabe, en remontant jusqu’à 1899.

La Révolution des femmes, 
Un siècle de féminisme arabe. France 3, Jeudi 5 mars 2015 à minuit.

La révolution des femmes - Un siècle de féminisme arabe

Lors des soulèvements de Tunisie et d’Égypte, en 2011, les femmes étaient en première ligne. Mais la lutte pour l’égalité des sexes dans le monde arabe a déjà une longue histoire, que nous propose de redécouvrir ce passionnant documentaire de Feriel Ben Mahmoud. Sait-on qu’un certain Kassem Amin, dès 1899, osait s’attaquer, en Égypte, au symbole du voile ? « Imposer le voile à la femme est la plus dure et la plus horrible forme d’esclavage », affirmait-il sans ambages. Quelques décennies plus tard, en Tunisie, la figure de proue du féminisme est encore un homme, Tahar Haddad. Comme son aîné égyptien, il s’en prend à l’obligation de porter le voile. Comme lui également, il ne s’oppose pas à l’islam mais à ses interprétations traditionalistes. Haddad se prononce, de surcroît, pour l’abolition de la polygamie et de la possibilité qu’ont les maris de répudier leurs femmes. Des revendications qui seront traduites en actes en 1956 par Habib Bourguiba, le père de l’indépendance tunisienne. La Révolution des femmes revient aussi, bien évidemment, sur la « première féministe arabe », Hoda Charaoui. Un jour de 1923, celle-ci ôte son voile en public, à la gare du Caire, sous les applaudissements de nombreuses femmes. Elle fondera l’Union féministe égyptienne, luttant pour l’indépendance matérielle des femmes, l’égalité politique et sociale avec les hommes et la coopération entre féministes arabes et européennes. S’il analyse bien les avancées de l’émancipation des femmes au moment des indépendances, le documentaire n’omet pas non plus ses limites. Il montre, en particulier, comment le colonialisme occidental, en instrumentalisant la cause des femmes, a fait le jeu des conservateurs (un phénomène particulièrement patent en Algérie). Au total, Feriel Ben Mahmoud parvient à embrasser une diversité de situations et de pays (il est aussi beaucoup question du Maroc et de l’Arabie saoudite) sans jamais perdre son fil conducteur : l’égalité. Un petit voyage très éclairant, à quelques jours de la Journée internationale des droits des femmes.

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