lundi 23 mars 2015

Les députés refusent, en commission, d'interdire les mannequins trop maigres

La commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a rejeté, mercredi 18 mars, un amendement au projet de loi santé interdisant sur les podiums et les pages de papier glacé, les mannequins dont l'indice de masse corporelle (IMC) est inférieur à 18. 


De nombreux députés, à gauche comme à droite, ont considéré qu'une telle interdiction, proposée par le rapporteur du projet de loi pour combattre la course à la minceur extrême et l'anorexie, le député PS Olivier Véran, introduirait une discrimination à l'embauche.
Mais le sujet pourra être de nouveau abordé, éventuellement sous une autre forme, lorsque les députés débattront en séance du projet de loi à compter de la fin mars, selon la députée PS Catherine Coutelle, qui l'avait co-signé.

Des mannequins défilent pour présenter la collection de prêt-à-porter automne-hiver 2012 du couturier Stefano Pilati pour Yves Saint Laurent, le 7 mars 2011 à Paris.
Photo AP François Mori

Impact social de la mode

 

Neurologue au CHU de Grenoble, M. Véran proposait de modifier le code du travail afin de contraindre les agences à attester pour chaque mannequin d'un certificat médical prouvant que son IMC est supérieur à une valeur donnée. Tout contrevenant se serait exposé à une peine de six mois d'emprisonnement et à 75 000 euros d'amende.
Mais plusieurs députés, par ailleurs médecins de profession, comme Bernard Accoyer (UMP, Haute-Savoie) et Gérard Bapt (PS, Haute-Garonne), ont fait part de leur désapprobation.
Un amendement de Catherine Coutelle, créant un délit d'incitation à l'anorexie, visant notamment les sites Internet, forums ou blogs « pro-ana » (raccourci de pro-anorexia) faisant la promotion de l'extrême maigreur et donnant des conseils pour y parvenir, a par ailleurs été retiré. « Nous allons le retravailler et le présenter dans l'hémicycle », a indiqué l'élue, présidente de la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée.
En revanche, une autre disposition d'Olivier Véran et de Catherine Coutelle a été adoptée. Celle-ci stipule que « la politique de santé contribue à la prévention et au diagnostic précoce de l'anorexie mentale et des troubles des conduites alimentaires, notamment en luttant contre la valorisation de la minceur excessive ».
Entre 30 000 et 40 000 personnes, des adolescentes dans 90 % des cas, souffrent d'anorexie mentale, soulignent les auteurs de ces amendements. « L'impact social de cette image que véhicule la mode, où des femmes doivent être maigres à un niveau pathologique pour être belles et défiler, est très fort », estime le député de l'Isère.
La ministre de la santé, Marisol Touraine, avait apporté son soutien à leur initiative.

Le Monde, 18/03/2015.

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