vendredi 3 juin 2016

Accès aux soins : la « fracture sanitaire » s’aggrave

Déserts médicaux, dépassements d’honoraires… Dans une étude publiée mercredi 29 juin, l’UFC-Que choisir étrille le bilan de la gauche en matière d’accès aux soins. Selon les calculs de l’association de consommateurs, l’accès géographique ou financier à un médecin généraliste, un gynécologue, un ophtalmologiste ou un pédiatre en 2016 s’est « dégradé pour plus de trente millions de Français » par rapport à 2012, date de la précédente étude. Son président, Alain Bazot, considère même que le pays se trouve aujourd’hui en « état d’urgence sanitaire », fustigeant « l’échec » du gouvernement et de l’Assurance-maladie en la matière.



Des chiffres éloquents viennent nourrir ce réquisitoire, qui tombe en pleine phase finale des négociations conventionnelles entre assurance-maladie et syndicats de médecins libéraux. En quatre ans, plus du quart (27 %) des Français ont vu diminuer le nombre de médecins généralistes accessibles en moins de 30 minutes de voiture. Au cours de cette même période, près de six Français sur dix (59 %) ont connu une réduction du nombre de gynécologues accessibles à moins de 45 minutes de route. Une tendance jugée « préoccupante ». Et pour les quatre spécialités étudiées, seuls 11 % à 19 % des patients ont vu leur situation s’améliorer depuis 2012.


« De toute évidence, les politiques d’incitation financière accordées aux médecins pour les convaincre de s’installer dans les zones sous-dotées sont un échec », notent les auteurs du rapport, relevant que d’une façon générale « les médecins sont moins bien répartis sur le territoire qu’en 2012 » et qu’« aucun département n’est épargné » par ce phénomène.

Pour dresser ce constat, l’UFC-Que choisir a réitéré une opération déjà menée en 2012. En début d’année, elle a « aspiré » – sans son accord – l’annuaire en ligne de l’Assurance-maladie qui recense de façon exhaustive la localisation et les tarifs des médecins libéraux français. Excluant de fait les médecins salariés par un établissement de santé – et c’est une des limites de l’étude –, elle a ensuite croisé ces données avec la répartition de la population sur le territoire, afin d’établir une carte des « fractures sanitaires ». Une zone avec un « accès difficile aux médecins » se caractérise ainsi par une densité médicale pour 100 000 habitants comprise entre 30 % et 60 % en dessous de la moyenne nationale. En deçà de 60 %, la zone est qualifiée de désert médical.

Le Monde, 29/06/2016
Article intégral en ligne :  http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/06/29/acces-aux-soins-la-fracture-sanitaire-s-aggrave_4960284_3224.html#X0OOjRuZ3zdku9dc.99

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