À compter du 1er janvier, il sera possible de faire connaître son refus d’être donneur sur le site du registre national.
Depuis 1976, la loi française fait de chaque personne un donneur
d’organes présumé, tout en affirmant la possibilité de s’opposer à un
tel prélèvement. Si les trois grands principes (consentement présumé,
gratuité et anonymat) restent inchangés, la loi de modernisation de
notre système de santé (janvier 2016) précise les modalités de refus
ainsi que le rôle des proches. Dès le 1er janvier 2017, les personnes
refusant de donner leurs organes pourront s’inscrire en ligne sur le
registre national des refus géré par l’Agence de la biomédecine - et non
plus seulement par courrier postal, comme c’est le cas actuellement
(site non encore actif: www.registrenationaldesrefus.fr) Afin de faire connaître ce registre, l’Agence de la biomédecine
mènera une campagne d’information nationale du 19 novembre au 4
décembre. «Actuellement, seuls 7% des Français connaissent la loi sur le
don d’organes, rappelle le Pr Olivier Bastien, directeur Prélèvement
Greffe organes-tissus à l’Agence de la biomédecine. En faisant connaître
le registre, nous espérons que davantage de personnes feront connaître
leur opposition, ce qui permettra de soulager les proches lors d’un
deuil brutal».
150.000 refus
L’opposition au don de certains organes et tissus est possible, et
l’inscription sur le registre est modifiable et révocable à tout moment.
À l’heure actuelle, environ 150 000 personnes sont inscrites sur le
registre. Un chiffre qui a doublé depuis que l’agence a commencé à
communiquer, il y a un an. En plus du registre, la nouvelle loi prévoit
la possibilité de faire valoir son refus par écrit et de confier ce
document daté et signé à un membre de son entourage. Si toutefois un(e)
défunt(e) n’a pas fait ces démarches de son vivant mais qu’il ou elle
avait fait part oralement de son refus, ses proches pourront en dernier
recours faire valoir sa décision. Dans ce cas, ils devront retranscrire
l’expression précise du refus et la signer. Lors du décès d’une personne susceptible de donner ses organes,
l’équipe médicale doit interroger ce registre puis, si la personne n’y
est pas inscrite, interroger les proches pour connaître son éventuelle
opposition sur le prélèvement d’organes. La plupart du temps,
l’entourage l’ignore, et un pourcentage relativement élevé des familles
refuse le don.
À l’heure des présidentielles, les Américains s’interrogent sur leur
système de santé. C’est l’un des points sur lesquels les candidats en
campagne s’opposent le plus violemment, alors que la polémique enfle
autour des résultats mitigés de l'assurance privée obligatoire
mise en place par le président Barack Obama, « l'Obama care ». Hillary
Clinton plaide pour un engagement fort en faveur de la santé publique.
Donald Trump, pour la limitation des dépenses. Le système français
pourrait-il être source d’inspiration dans les politiques américaines ?
Répondre à cette question, c’est aussi inviter les citoyens français à
prendre un recul salutaire vis-à-vis de leur propre organisation de
l’accès aux soins. Car le fameux « trou de la Sécu » s’annonce déjà
comme un sujet chaud dans la campagne des candidats français aux
présidentielles de 2017.
S’il existe aux États-Unis plusieurs grands experts des systèmes de
santé, le citoyen américain n’a le plus souvent pas d’idée de la manière
dont fonctionnent les systèmes étrangers et, quand il en a, ses idées
sont souvent caricaturales. Pourtant, système américain et système français sont proches, vraisemblablement les plus proches de tous les pays riches, à quelques nuances près cependant.
Une espérance de vie inférieure pour les États-Unis
Pour expliquer le système français
aux Américains, je commencerai par un retour en arrière. En 1939, un
citoyen des États-Unis avait une espérance de vie à la naissance
supérieure de sept années à celle d’un Français. Les choses ont changé
depuis car celle-ci est, en 2016, inférieure de quatre années. Pourtant
l’Américain dépense pour se soigner des sommes très supérieures. Ainsi,
en 2014, elles représentaient 9 403 dollars par personne et par an aux
États-Unis et 4 959 dollars en France. À l’échelle nationale, cela se traduit par un montant des dépenses
dites « de santé » (elles sont surtout des dépenses médicales) de 16,4 %
du PIB aux États-Unis et de 10,9 % en France. Si l’évolution de
l’espérance de vie a plus à voir avec les modes de vie et les habitudes
alimentaires (entraînant obésité ou diabète) qu’avec l’efficacité de la
médecine, il est vraisemblable cependant que la qualité des soins pour
le plus grand nombre est à la fois meilleure et plus accessible en
France. Pour ce qui est du paiement des soins médicaux, en France c’est simple : c’est un pays où Medicare (nom du système américain de Sécurité sociale)
commence, non pas à 65 ans, mais à la naissance. Tout résident légal
est affilié de droit à l’assurance maladie et, à ce titre reçoit des
soins, souvent gratuits, sinon remboursés en grande partie par le régime
d’assurance obligatoire ou le régime d’assurance santé complémentaire.
Seulement 6 % du coût des soins assumé par le citoyen français
Pour trente maladies graves, les soins sont remboursés à 100 % par le
régime obligatoire. Et si on ajoute les assurances complémentaires
« santé » – aujourd’hui quasiment universelles – seulement 6 % du coût
des soins en France sort de la poche du patient au moment du contact
avec le système médical. Bien entendu, lui ou son employeur auront
cotisé pour financer l’assurance maladie obligatoire ou complémentaire.
Ainsi, en moyenne, chaque année, tout Français travaille 33 jours pour
payer ses seules cotisations à l’assurance maladie. Il n’y a donc pas de barrière financière à l’entrée, sauf pour les
soins dentaires et les lunettes, et encore… Si ces barrières existent,
le système français est là à nouveau plus généreux que ceux des pays
comparables. En outre, si le patient est incité à avoir un médecin de référence,
son « médecin traitant » avec lequel les soins sont entièrement
gratuits, il ne lui en coûtera que quelques euros quand il souhaite
déroger à la règle. Il pourra alors voir dans la même journée plusieurs
spécialistes dont les honoraires lui seront en grande partie remboursés.
En France, une majorité d’établissements publics
Comme aux États-Unis, il y a en France des hôpitaux publics, des
hôpitaux privés à but lucratif et des hôpitaux privés à but non
lucratif. Les proportions ne sont toutefois pas les mêmes : 2/3 des lits
hospitaliers de court séjour sont des lits d’hôpitaux publics en
France. À noter que les 31 hôpitaux universitaires sont tous publics.
Cependant, la France a en pourcentage plus d’hôpitaux privés à but
lucratif que les États-Unis (20 % contre 15 % des lits). Ceux-ci
réalisent plus de la moitié des actes chirurgicaux français. Plus étonnant, non seulement le patient français peut choisir son
hôpital qu’il soit public ou privé et être remboursé dans les deux cas,
mais encore l’établissement privé – hors honoraires des médecins – coûte
moins cher (de l’ordre de 30 %). Il y a donc un marché des soins et une
concurrence, si bien que, contrairement aux pays d’Europe du Nord, au
Canada ou au Royaume-Uni, il n’y a pas en France de file d’attente pour
la chirurgie programmée, par exemple la cataracte ou la prothèse de
hanche. En ville, les médecins libéraux ont la liberté d’installation et sont
payés à l’acte. Pour la plupart d’entre eux, les tarifs sont fixés par
l’assurance maladie et sont très inférieurs aux tarifs américains (entre
30 et 40 dollars la consultation). Toutefois, un pourcentage de
médecins spécialistes a des honoraires libres, leurs patients sont alors
moins bien remboursés, mais la consultation dépasse rarement les 100
dollars.
Une forte régulation par l’État français
Bien entendu, l’État est fortement impliqué dans la régulation du
système. Chaque année est défini un numerus clausus national pour les
étudiants en faculté de médecine. Il n’est pas possible d’ouvrir une
pharmacie sans autorisation administrative. L’État, par ses agences
régionales de santé, contrôle toutes les autorisations en matière
hospitalière, que les hôpitaux soient publics ou privés. Par ailleurs
l’État gère les nomenclatures de tous les actes médicaux, le tarif et le
taux de remboursement de chaque médicament, radiographie ou examen de
biologie. L’État à l’échelon national nomme tous les directeurs et tous
les médecins des hôpitaux publics (lesquels emploient 850 000
personnes). Mais il existe des établissements privés de grande qualité
et, je le souligne encore, les médecins libéraux sont libres de leur
installation et de leurs prescriptions. Malgré tout le système français est un des plus onéreux des pays
occidentaux. L’hospitalisation y a une grande part, les spécialistes
sont nombreux et la consommation de médicament y est élevée.
"Moi, Daniel Blake" est le dernier film de Ken
Loach, récompensé d'une Palme d'or lors du dernier festival de Cannes.
Daniel a une cinquantaine d'années, il vient de survivre à une crise
cardiaque et son médecin lui explique que son état de santé ne lui
permet plus de travailler. Seulement, l'agence pour l'emploi britannique
n'est pas de cet avis.
Voilà cinquante ans que le cinéaste
britannique Ken Loach radiographie la société anglaise avec sa caméra,
avec le prisme des classes populaires et pauvres. Ses films sont des
témoignages forts sur la vie d’une population souvent laissée pour
compte, condamnée à la débrouille. C’est toute l’histoire politique et
sociétale d’un pays qui défile dans le viseur d’un réalisateur engagé et
passionné.
Régulièrement nommé à Cannes, il entre avec
"Moi, Daniel Blake" dans le cercle restreint et remarquable des doubles
palmés. Récompensé par une seconde palme d’or cette année (après celle
obtenue pour "Le vent se lève" en 2006), le cinéaste de 80 ans fait
toujours preuve d’une vitalité admirative et son dernier film en est un
exemple frappant.
La vie après une crise cardiaque
"Moi, Daniel Blake" résonne comme
l’affirmation existentielle et revendicatrice d’un homme qui perd sa
place sur le marché de l’emploi et que le système essaye de broyer. Ce
simple citoyen a décidé de se battre pour faire respecter ses droits.
Telle est l’histoire émouvante de Daniel, homme d’une cinquantaine
d'années, rescapé d’une crise cardiaque et déclaré inapte au travail par
ses médecins… mais pas par l’agence pour l’emploi.
Recalé après avoir rempli un questionnaire
absurde, sa pension d'invalidité lui est refusée. Commence alors un
combat éprouvant, parfois drôle, souvent pathétique, pour continuer à
vivre sans céder à l’abattement. Personnage généreux, il prend également
sous son aile Katie, une jeune mère de famille en difficulté. Ensemble,
ils vont tenter d’avancer tant bien que mal dans une société qui ne
fait pas de l’humain sa priorité… On est toujours saisi par cette
capacité qu’à Ken Loach à nous intéresser à des sujets difficiles du
quotidien, à captiver les spectateurs par les aventures ordinaires de
gens en déshérence. Le parcours de Daniel nous laisse aussi admiratif
que pensif et le film nous étreint comme un électrochoc, véritable appel
à la conscience collective.
Réalité kafkaïenne
L’entretien de Daniel (Dave Johns) avec une
conseillère chargée d’évaluer son degré d’invalidité se déroule pendant
le générique d’ouverture, sur fond noir et en voix off. Une façon
formelle pour Ken Loach d’introduire ce mur administratif auquel va se
heurter le protagoniste : l’image est superflue, Daniel aussi, au regard
de son interlocutrice, qui le somme de répondre uniquement par oui ou
par non à des questions d'ordre médical, qui nient son individualité.
Cette opacité inaugurale est la première
étape d’un engrenage dans lequel Daniel est malgré lui entraîné : ce
menuisier veuf et travailleur n’est pas un profiteur, il ne demande qu’à
exercer sa profession mais sa santé le lui interdit. Le film nous
immerge dans la réalité kafkaïenne des dédales bureaucratiques qu’un
documentaire comme "Pôle emploi, ne quittez pas !" avait déjà pointée
chez nous.
Deux visions se heurtent : d’un côté, des
agents appliquant des règles qu'ils n'ont pas édictées eux-mêmes et qui
doivent rendre des comptes à leur hiérarchie. De l’autre, des usagers
embourbés dans leurs problèmes, qui ne comprennent pas la rigueur qu’ils
subissent et qui souffrent de ne pas être aidés comme ils le
voudraient.
Tout un système qui ne fonctionne pas
Le personnage de la conseillère qui fait
preuve d’empathie à l’égard de Daniel est éloquent. Hors de ses
prérogatives, elle prend quelques secondes pour aider Daniel à remplir
un formulaire sur ordinateur. On comprend qu'elle n'a pas le droit de le
faire quand sa supérieure la convoque instantanément dans son bureau.
Les cancers sont la première cause de mortalité en France, devant les
maladies cardio-vasculaires. En 2015, les estimations étaient de 355 000
nouveaux cas, et de 148 000 décès dus à un cancer rien qu’en France
métropolitaine. Bien que la mortalité moyenne ait chuté de 34 % entre
1980 et 2012, notamment grâce aux progrès thérapeutiques, l’incidence
des cancers est en hausse constante.
Évidemment, cela ne vaut pas pour toutes les tumeurs malignes. Selon des
données de l’Institut de veille sanitaire (ex-InVS, désormais Santé
Publique France), 21 des 33 cancers étudiés ont vu leur taux d’incidence croître entre 1980 et 2012, six cancers se sont stabilisés et sept ont vu leur incidence baisser.
Les données suivantes montrent l’évolution des taux d’incidence standardisés de dix-neuf cancers solides enregistrés entre 1980 et 2012 et exprimés en base 100.
Le sein est le deuxième cancer le plus fréquemment diagnostiqué en
France, derrière la prostate. L’augmentation globale de son incidence
masque des situations très variées selon les tranches d’âge. Ainsi, le
cancer du sein a-t-il progressé d’environ 60 % chez les 30-39 ans et
chez les 40-49 ans, à un âge où le dépistage n’est pas systématisé. L’incidence baisse en revanche depuis 2002-2005 chez les femmes de
50 à 79 ans, ce qui coïncide avec le quasi arrêt des traitements
hormonaux substitutifs de la ménopause, largement prescrits auparavant
pour soulager les symptômes gênants de la ménopause et prévenir
l’ostéoporose. Depuis l’arrêt de ces traitements, la chute de
l’incidence des cancers du sein est spectaculaire : -25 % en moins de
dix ans. Une baisse d’autant plus frappante que la généralisation du
programme de dépistage et la sensibilisation croissantes auraient dû
temporairement augmenter l’incidence du cancer du sein.
Chez les 30-49 ans, cette progression peut dépendre de beaucoup de
facteurs, dont certains facteurs environnementaux (exposition à des
polluants ou à des perturbateurs endocriniens), bien que cette piste soit controversée.
Pancréas : une hausse encore mal expliquée
L’augmentation du cancer du pancréas, qui concerne principalement
les plus de 40 ans, est l’une des moins bien expliquées et comprises
aujourd’hui. Les facteurs de risque les plus connus (tabac, obésité)
expliquent difficilement à eux seuls la hausse constatée au niveau
national. D’autres facteurs de risque, tels que le diabète ou
l’exposition à des produits chimiques, sont envisagés, bien que les
chercheurs n’aient aucune certitude.
Prostate et testicule : de meilleurs dépistages et des facteurs environnementaux
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment
diagnostiqué en France, devant le cancer du sein. Il touche
principalement les hommes âgés et son augmentation (de 118 % entre 1980
et 2012) est majoritairement due au surdiagnostic. Il est estimé que
trois-quart de l’augmentation de l’incidence à partir des années 1990
sont dus à l’amélioration des diagnostics et à l’usage croissant du test PSA, même si des effets environnementaux et de mode de vie ne sont pas exclus. Le cancer du testicule est lui aussi en forte augmentation, bien que
plus rare : son taux d’incidence ne dépasse pas 22 nouveaux cas par 100
000 personnes par an. Son taux de mortalité est quant à lui devenu très
faible, malgré la multiplication de nouveaux cas. L'hypothèse d'une
exposition in utero à des perturbateurs endocriniens (pesticides,
bisphénols, etc) est fréquemment avancée pour expliquer l’augmentation
de l’incidence de ce cancer.
Thyroïde : un surdiagnostic important
Le cancer de la thyroïde est l’une de ceux qui progressent le plus
fortement : son incidence a quintuplé entre 1980 et 2012, croissant dans
toutes les tranches d’âge et chez les deux sexes. Cette augmentation spectaculaire est en grande partie due au
surdiagnostic. L’amélioration continue des techniques médicales (IRM,
échographie, etc.) et leur démocratisation ont permis de détecter des nodules
présents sur la glande thyroïde qu’on ne détectait pas par la seule
palpation car étant d’une taille inférieure à 15-20 millimètres. Une
grande majorité de ces nodules n’auront pas d’expression clinique et ne
mettront pas en péril les jours de la personne. Pourtant, le diagnostic
faisant suite à la détection de petits nodules est presque
systématiquement celui d’un cancer de la thyroïde. Pour le reste, la
forte croissance de ce cancer peut aussi s'expliquer par l'exposition
aux perturbateurs endocriniens.
La conséquence directe est le surtraitement médical. Le diagnostic
d’un cancer de la thyroïde entraîne quasi systématiquement l’ablation de
la glande thyroïde et donc un traitement hormonal à vie pour compenser
la perte de cette glande essentielle pour le métabolisme. Dans une étude
publiée en 2015, le docteur Salvatore Vaccarella et son équipe, du
Centre International de recherche sur le cancer (CIRC), mettaient en
garde contre ces surtraitements inutiles et coûteux, à la fois pour la
qualité de vie du patient et pour les finances publiques. Ils
recommandaient que soit renforcée de surveillance médicale de la glande
thyroïde lorsque de petits nodules bénins sont détectés, de façon à
mieux proportionner le traitement adéquat.
Selon le « New Scientist », un enfant
conçu par fécondation in vitro serait porteur du patrimoine génétique de
ses parents et de l’ADN d’une donneuse. Les
spécialistes de la reproduction récusent souvent la formule, mais elle
résume la percée réalisée par une équipe américaine, dans une clinique
mexicaine : un enfant « à trois parents » serait né il y a cinq mois,
porteur du patrimoine génétique de ses parents, mais aussi d’ADN
provenant d’une donneuse.
Le bébé, un garçon, serait le fils d’un couple de Jordaniens qui
avait déjà donné naissance à deux petites filles décédées à l’âge de 6
ans et de 8 mois, indique le New Scientist: toutes
deux étaient atteintes du syndrome de Leigh, une maladie liée à un
dysfonctionnement des mitochondries, de minuscules usines à énergie
présentes au cœur des cellules. La mère était porteuse saine de cette
maladie, un quart de ses mitochondries étant touchées par une mutation
dans leur ADN.
Procédure interdite aux États-Unis
Le couple a fait appel à John Zhang, président fondateur du Centre de fertilité New Hope de New York, une clinique qui a des antennes en Chine, en Russie et au Mexique, pour procéder à une tentative de fécondation in vitro faisant appel à une technique de transfert du noyau. Le docteur Zhang a extrait le noyau (porteur de l’ADN) d’un des
ovocytes de la mère et l’a inséré dans celui d’une donneuse dont le
noyau avait été préalablement ôté. L’ovocyte disposant de mitochondries
saines a été fécondé in vitro avec un spermatozoïde du père. L’embryon
ainsi engendré était donc porteur de l’ADN nucléaire
des deux parents et de l’ADN mitochondrial (ADNmt) fonctionnel de la
donneuse – les rares mitochondries apportées par le spermatozoïde sont
en effet détruites lors de la fécondation. Selon le New Scientist, sur cinq embryons créés de la sorte, un seul s’est développé « normalement » et a pu être réimplanté chez la mère, qui a ensuite connu une grossesse
normale. L’équipe new-yorkaise a effectué cette procédure de
fécondation in vitro et d’insémination au Mexique, car elle est
interdite aux Etats-Unis. Elle est en revanche autorisée au Royaume-Uni
– où elle n’a encore jamais été tentée –, mais selon une modalité un
peu différente : l’ovocyte de la mère et celui de la donneuse seraient
d’abord fécondés par des spermatozoïdes du père, puis énucléés avant
qu’ils ne se divisent pour donner un embryon. Le noyau de la donneuse serait alors éliminé et remplacé par celui de la mère pour former l’embryon.
Le bébé se porterait bien
Le New Scientist précise quele couple jordanien, de confession musulmane, souhaitait minimiser
les destructions d’embryons et a pour cette raison choisi d’opter pour
l’autre technique. En outre, l’équipe médicale a sélectionné un embryon
masculin, afin d’éviter qu’à l’âge adulte il ne transmette la maladie à
sa descendance. Pour Sian Harding, qui a procédé à l’examen éthique de
la procédure approuvée au Royaume-Uni, cette approche est « aussi bonne ou même meilleure que ce qui serait fait en Angleterre », indique l’hebdomadaire. Le Monde, 28/09/2016.
Christopher
Wild, directeur du Centre international de recherche sur le cancer,
décrypte pour « Le Monde » les grandes tendances du cancer dans le
monde. A l’occasion de l’enquête que publie Le Monde, mardi 25 octobre, sur les chiffres du cancer en France, Christopher Wild, directeur du Centreinternational de recherche sur le cancer (CIRC) décrypte les grandes tendances d’évolution des tumeurs malignes dans le monde.
Il revient notamment sur l’évolution de certains cancers majeurs
(poumon, sein, côlon-rectum) dans les pays pauvres ou émergents.
Quelles sont les grandes tendances mondiales dans l’évolution d’incidence des cancers ?
Aujourd’hui, nous n’avons pas de données solides sur l’évolution à
long terme de l’incidence des cancers pour tous les pays ; ces
informations, obtenues grâce à des registres, demeurent rares dans de
nombreux pays en développement. A partir de la base de données du CIRC, nous observons des transitions liées au développement :
les taux d’incidence de certains cancers majeurs (poumon, sein,
côlon-rectum) sont en augmentation dans beaucoup de pays pauvres ou
émergents, alors que plusieurs autres, plutôt associés à la pauvreté ou à
des maladies infectieuses (utérus, estomac, foie), semblent plutôt sur
le déclin. A grands traits, l’explication des incidences en augmentation tient
au changement de la répartition des risques dans les pays en transition,
qui s’approchent de ceux des pays riches : consommation de tabac, surpoids, sédentarité, recul de l’âge de la maternité et allaitement… Pour plusieurs cancers, on peut observer des tendances globales divergentes : chez les hommes, le cancer du poumon tend à décliner dans les pays à haut revenu, mais il est stable ou toujours en hausse chez les femmes. Ces tendances reflètent la « maturité » de l’épidémie de tabagisme,
et le fait que les femmes ont adopté la cigarette plus récemment que les
hommes. Dans les pays à faibles revenus, l’habitude de fumer est venue globalement plus tard et nous pourrions observer, dans les décennies à venir,
des incidences de cancers en augmentation rapide dans certains pays,
notamment sur les hommes. D’autres cancers sont en augmentation : un
sous-type de cancer de l’œsophage très lié à l’obésité est en
augmentation dans plusieurs pays occidentaux.
Comment peut-on interpréter les brusques hausses d’incidence du cancer de la thyroïde ?
Ces hausses sont liées au développement de nouveaux outils de
diagnostic (tomographie, imagerie par résonance magnétique, etc.), qui
ont conduit à une augmentation considérable des détections de petites
tumeurs papillaires, qui ne se seraient pas manifestées. Malgré un déclin au niveau mondial, le cancer du col de l’utérus est toujours en croissance dans certains pays en Afrique de l’Est, en Europe orientale et dans les pays de l’ex-Union soviétique. Les incidences de bien des types de cancer sont toutefois
raisonnablement constantes. L’incidence et la mortalité du cancer du
pancréas sont relativement stables, par exemple. Mais en raison du
mauvais pronostic de ces tumeurs et des avancées dans la détection et le
traitement des autres formes majeures de cancer (sein, prostate,
côlon-rectum), cette maladie est devenue l’une des principales causes de
la mortalité par cancer dans les pays de l’Union européenne.
Outre les grandes causes connues – tabagisme, alcool –, quels sont les grands déterminants des tendances observées ?
Nous avons aujourd’hui une connaissance considérable de certains facteurs de risque, qui peuvent expliquer une partie des évolutions observées. D’abord, l’impact des infections chroniques
est souvent négligé comme facteur de risque, mais compte pourtant pour
environ 15 % de cancers au niveau mondial, en particulier pour le foie
(hépatites virales), le col de l’utérus (papillomavirus) et l’estomac (Helicobacter pilori).
Comme
ces athlètes qui effectuent un come-back victorieux, Ken Loach a
annoncé sa retraite en 2014 avant de revenir récolter une deuxième palme
d'or pour Moi, Daniel Blake. Pourtant, à 80 printemps, le
cinéaste britannique conserve une timidité et une humilité non feintes.
Avant de répondre à la moindre question, il s'inquiète de la santé de «
l'Humanité » et de l'« HD », comme on demande des nouvelles à un vieux
camarade. Rencontre avec le cinéaste qui porte la classe ouvrière à
l'écran pour en faire une héroïne.
HD. Pourquoi avoir décidé de raconter l'histoire de cet ouvrier sexagénaire aujourd'hui ?
Ken Loach. Il fait partie de ce groupe de personnes
vulnérables. Il a travaillé dans l'industrie puis dans l'artisanat
traditionnel. Il ne maîtrise pas les nouvelles technologies. Il a des
problèmes de santé, mais ne réclame jamais rien. C'est tout à fait le
type de personne que le gouvernement britannique veut exclure des listes
du chômage.
HD. Comment expliquez-vous qu'un gouvernement dirige le pays contre son propre peuple ?
Ken Loach. Les dirigeants le font consciemment. Ils
se servent de la santé des citoyens pour faire baisser les statistiques.
Ils savent que les gens malades qui font appel de leur radiation des
listes de chômage gagnent. Mais beaucoup sont démoralisés ou se sentent
trop faibles pour faire appel. Les tentatives de suicide augmentent.
Mais le gouvernement gagne puisque ces gens perdent leurs allocations.
Le problème est idéologique. Ils veulent faire croire aux pauvres qu'ils
sont des incapables et feignent d'ignorer que près de 2 millions de
personnes sont sans emploi. « Si vous n'avez pas de travail, c'est parce
que votre CV n'est pas bon, parce que vous êtes arrivé en retard à un
rendezvous, parce que vous ne maîtrisez pas la technologie ou parce que
vous n'avez pas postulé pour tel travail. Quelle que soit la raison,
vous avez échoué par votre propre faute. » Si les gens n'admettent pas
qu'ils sont responsables, ils vont s'en prendre au système. Ce que les
dirigeants veulent éviter puisqu'ils sont là pour le protéger et
l'étendre. Il y a toujours eu cette conscience, si l'on se réfère à
l'ère élisabéthaine et aux lois sur les indigents, que les mendiants
devaient être conduits hors de la paroisse. À l'ère victorienne, l'idée
était de différencier les « pauvres méritants » des autres, de voir qui
mérite de l'aide et qui n'en est pas digne.
HD. Pourquoi vous est-il si nécessaire de montrer la classe ouvrière à l'écran ?
Ken Loach. La présence physique des gens montre leur
histoire. Les rides, le maintien, leurs mains, leur alimentation
indiquent leur classe sociale, la vie qu'ils mènent. On peut voir la
pauvreté sur la texture de la peau. Nous essayons toujours de privilégier l'authenticité. Quand j'ai
filmé la queue devant la banque alimentaire, j'ai tourné en décors réels
avec des bénéficiaires... payés au tarif syndical. Car on ne peut pas
faire un film sur l'exploitation en exploitant les gens.
HD. Que vous inspire le Brexit ?
Ken Loach. C'était un débat compliquépour toute la
gauche. L'Union européenne est une organisation néolibérale. Elle
promeut la privatisation, la sous-traitance dans les services publics.
La manière dont elle a traité la Grèce pour permettre aux entreprises
privées de racheter les services publics est une politique de classe en
faveur de la finance. Mais sortir de l'UE est aussi l'assurance que le
gouvernement conservateur supprime le minimum de protection pour les
travailleurs et l'environnement. Les investisseurs préfèrent être dans
l'Union (pour bénéficier du dumping social).
Depuis
la fin des années 1990, la maladie a réapparu et ne cesse de croître :
cinq cas déclarés en 2004, 19 en 2011 et jusqu’à 22 en 2014.
Alors qu’il semblait avoir disparu, le choc toxique lié aux règles
redevient source d’inquiétude. Au moins une femme est morte de cette
maladie, certaines ont été amputées. Pour comprendre, des chercheurs se
lancent dans une délicate collecte de tampons usagés. En 1990, plus aucun cas de syndrome du choc toxique (SCT) n’était
recensé en France. Mais depuis la fin des années 1990, la maladie a
réapparu et ne cesse de croître : 5 cas déclarés en 2004, 19 en 2011 et
jusqu’à 22 en 2014. Ce qui a alerté le centre national de référence des
staphylocoques des Hospices civils de Lyon. Le choc toxique peut
potentiellement toucher 1 % des femmes, celles qui sont porteuses du
staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) dans leur vagin. Avec un tampon, « le fluide menstruel est bloqué, il va rester au
chaud. C’est donc un milieu de culture formidable et s’il y a cette
fameuse bactérie, elle va se mettre à produire une toxine (TSST-1) qui
va passer dans le sang », a expliqué le professeur Gérard Lina lors
d’une conférence de presse mercredi. D’où l’importance d’éviter de
garder un tampon plus de quatre heures : plus on le garde, plus les
bactéries prolifèrent, comme mettent en garde d’ailleurs de nombreux
fabricants dans leurs notices.
Perte de conscience
Justine a 26 ans. Il y a trois ans, elle a été victime de ce syndrome. « J’avais
mes règles, un tampon. Le soir, je l’enlève et je commence à avoir mal à
la tête, des diarrhées. Je pense à un début de gastro. Dans la nuit,
j’ai commencé à vomir, énormément, raconte-elle. Le lendemain
je ne faisais que dormir. Et puis, j’ai commencé à perdre conscience.
J’avais hyper soif, énormément de fièvre et un symptôme très
particulier : le corps tout rouge, comme un coup de soleil. »
Médecins du Monde passe au crible les difficultés
pour se soigner que rencontrent les ressortissants étrangers et les
Français en situation d'exclusion.
Ils viennent d'Algérie, de
Roumanie, du Maroc, du Cameroun mais aussi de France... Au total, plus
de 23.000 personnes en situation d'extrême précarité de 164 nationalités
différentes ont été reçues en visite médicale en 2015 dans l'un des 20
centres d'accueil, de soins et d'orientation (Caso) de Médecins du
Monde. Dans son rapport annuel publié lundi,
l'association dénonce un accès aux soins très difficile et alerte sur
la récurrence des problèmes bucco-dentaires, le manque de couverture
vaccinale ou encore de suivi gynécologique que connaissent ces
populations. Parmi les personnes accueillies en
consultation, plus de 80% se sont vus diagnostiquer au moins un problème
de santé, voire deux pour 18% d'entre elles. Les principaux maux
étaient de type respiratoire (asthme, toux...), digestif (infections,
ulcères...), ostéoarticulaire et dermatologique. Près de six patients
sur dix ont même découvert qu'ils souffraient d'une maladie chronique, diabète ou infection à VIH
par exemple, nécessitant un suivi et/ou un traitement. Mais pour les
malades en situation irrégulière (environ la moitié des personnes
reçues), la prise en charge demeure un important problème. «Les étrangers en situation régulière ont la même couverture sociale que tout le monde: la protection universelle maladie (PUMa),
précise le Dr Jeannine Rochefort, déléguée régionale Ile-de-France de
Médecins du monde. Par contre, il est beaucoup plus délicat d'avoir
accès aux soins pour les personnes en situation irrégulière. Celles-ci
doivent justifier qu'elles sont sur le territoire depuis plus de trois
mois, en donnant une adresse. C'est une démarche compliquée qu'il faut
renouveler chaque année. Parfois, il arrive que des pièces
complémentaires soient demandées, alors que celles-ci ne sont pas
obligatoires!», déplore le Dr Rochefort. Selon le rapport, seuls 9% des
étrangers en situation irrégulière disposaient d'une couverture maladie
lors de leur première visite dans l'une des structures de Médecins du
Monde.
Couverture vaccinale et caries
Le
rapport pointe également l'état de santé bucco-dentaire très dégradé des
personnes, en particulier pour les patients de plus de 40 ans. «Ils
présentent en moyenne plus de 3 dents cariées et 4 dents absentes (...),
bien plus que ce qu'on observe dans la population générale», précise
Médecins du Monde. L'association se montre également très préoccupée par
la couverture vaccinale de ces personnes. Parmi les plus de 15 ans,
moins d'une personne sur deux est à jour pour le tétanos, la diphtérie,
la polio et le BCG. Ces chiffres sont meilleurs pour les enfants de
moins de 15 ans, même si la couverture vaccinale reste «insuffisante»
selon l'association. Autre point noir du rapport: les
mineurs isolés et les femmes, qui représentent respectivement 13% et 38%
des personnes accueillies en Caso. Les premiers, lorsqu'ils sont âgés
entre 15 et 18 ans, peuvent ne pas être considérés comme tels par
l'administration. Ils ne bénéficient alors pas de la protection qui leur
est logiquement réservée. «La minorité est fréquemment mise en doute
par des évaluations médicales peu fiables, explique Jeannine Rochefort.
De très nombreux jeunes se voient ainsi refuser l'accès à la protection
de l'enfance». Les femmes, elles, ont très peu accès à la contraception
(seules 12% des 15-50 ans ont indiqué utiliser un moyen de contraception
en 2015), et parmi celles enceintes le jour de la consultation, plus de
40% présentaient un regard de suivi de grossesse. En 15
ans, le nombre de centres de Médecins du Monde est passé de 32 à 20,
alors que dans le même temps, le nombre de consultations est passés de
35.500 à 38.500. «Nous avons fermé des centres lorsque les dispositifs
de bien commun tels que les permanences d'accès aux soins de santé
(PASS) se sont mis en place, précise le Dr Rochefort. Dans les centres
restants, l'activité a augmenté en raison de la paupérisation de la
population, de l'aggravation des conditions d'accès aux droits des
personnes en situation irrégulière et des importants flux migratoires
depuis plusieurs années», conclut la médecin.
Il est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Le cancer du sein fait chaque année près de 12 000 morts mais son dépistage est critiqué depuis des années. Pour tenter de l’améliorer et face aux demandes de nombreuses associations, il va faire l’objet d’une « rénovation profonde » pour le rendre « plus personnalisé ». Une annonce faite par le ministère de la santé le 3 octobre dernier.
Pour comprendre cette décision et ses enjeux, nous recevons en
plateau deux spécialistes, la Suzette de la Loge, cancérologue et
spécialiste du cancer du sein à l’Institut de cancérologie
Gustave-Roussy à Villejuif,et Vincent Renard,président du Conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants.
Le 20 septembre, la délégation aux droits
des femmes et à l’égalité des chances du Sénat publiait un rapport sur
les femmes et l’automobile. Un rapport qui revient sur les difficultés
de mobilité des femmes, obstacles qui participent à leur précarisation.
A l’occasion du lancement du Mondial de l’automobile,
Chantal Jouanno, présidente de la délégation sénatoriale aux droits des
femmes, a présenté un rapport portant sur les femmes et les voitures.
Le rapport, qui met en avant les liens forts entre mobilité difficile
et précarité des femmes, s’inscrit dans la droite ligne des nouvelles
réflexions autour de la « mobilité inclusive ».
Les femmes, premières utilisatrices de transports en commun
Parmi les études citées par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances du Sénat, on trouve le rapport « Transport et parité des sexes » de l’OCDE. Selon ce rapport, à l’échelle européenne, « pour
les transports collectifs rapides (train de banlieue, métro, tramway),
on retrouve hommes et femmes dans la même proportion ».
Cette même étude souligne cependant qu’en France la répartition des hommes et des femmes tous transports en commun confondus est loin d’être paritaire : « Les hommes n’utilisent les transports en commun que pour 10 % de leurs déplacements, et deux tiers des voyageurs empruntant les transports en commun sont des femmes. »
La plupart des
enfants ne mangent pas en fonction de leurs besoins. Les aliments ne
sont pas variés dans un cas sur trois. Sous forme solide, ils sont
souvent introduits trop tard.
UNICEF/UNI162672/Phelps
100 000 : voilà le nombre de vies qui
pourraient être sauvées chaque année si les enfants étaient alimentés
correctement. L’Unicef a livré le deuxième volet
de son rapport sur la nutrition des jeunes enfants. Le bilan est loin
d’être satisfaisant. Seul un enfant sur six mange selon ses besoins. La
fréquence des repas est insuffisante, tout comme la variété des aliments
qui sont proposés. L’information dispensée aux jeunes parents peut être
largement améliorée. Les erreurs alimentaires commencent dès le plus jeune âge. Un
allaitement maternel devrait être proposé dans l’heure qui suit la
naissance. Mais seuls 55 % des nouveau-nés en bénéficient. Ce sont donc
63 millions de bébés qui ne sont pas nourris dans les temps, dès leur
premier jour d’existence. Dans les pays développés, ça n’est pas mieux :
bon nombre de femmes n’allaitent pas et recourent à la place à du lait
maternisé. Ses bénéfices sur la santé ne sont pas aussi bons.
50 % d’anémies avant l’école
A mesure que les enfants grandissent, le respect des recommandations
ne s’améliore pas. A 11 mois, 2 bambins sur 10 n’ont pas encore consommé
d’aliments solides. Pourtant, dès 6 mois, le lait maternel ne suffit
plus à combler les besoins d’un organisme en pleine croissance. Cette
lacune est lourde de conséquences, car elle induit des carences et peut
provoquer un retard de croissance. Il touche environ un quart des enfants de moins de 5 ans. « Ce
sont les nourrissons et les jeunes enfants qui ont les besoins en
nutriments les plus élevés au cours d’une vie », rappelle France Begin,
conseillère principale pour la nutrition à l’Unicef. Les repas ne sont tout simplement pas assez variés. Pour grandir
correctement, un jeune corps a besoin de plusieurs sources alimentaires.
Quatre groupes différents doivent être apportés chaque jour. Un conseil
qui n’est que rarement respecté : un tiers des enfants ne les reçoivent
pas. Les carences en vitamines et minéraux sont donc fréquentes.
L’anémie en fer, par exemple, touche la moitié de la population des
mineurs d’âge préscolaire.
Nourris trop rarement
Les protéines animales sont particulièrement difficile d’accès :
poisson, viande, œufs et produits laitiers ne sont consommés que par la
moitié des enfants. Leur coût élevé pose souvent problème. Un manque
d’autant plus dommageable que ce sont les principales sources de zinc et
de fer. « A un si jeune âge, la malnutrition entraîne des lésions
mentales et physiques irréversibles », déplore France Begin. Outre ces carences qualitatives, la quantité n’est pas non plus
assurée. Quatre repas par jour sont recommandés, petit-déjeuner,
collation, déjeuner, goûter et dîner. Cela jusqu’à 3 ans. Or, la moitié
des enfants ne sont pas nourris à cette fréquence.
Les enfants qui reçoivent le nombre de repas recommandés dans le monde (Source : Unicef, 2016)
PMA, pour procréation médicalement
assistée, et GPA, pour gestation pour autrui : si depuis 2012 ces deux
sigles agitent les passions et les drapeaux dans les rues, ils ne
désignent pourtant pas du tout la même chose et n’en sont pas au même
stade d’avancée sur le plan politique. Quelles sont les différences
entre les deux ? D’où vient la confusion ? Explications en deux minutes,
à l’occasion du rassemblement organisé par la Manif pour tous, dimanche
16 octobre à Paris.
Espérance de vie,
maladies chroniques, exposition aux risques : les données de santé des
pays du monde ont été analysées par près de 2000 experts. Le Figaro
propose un décryptage illustré des points les plus saillants.
Il aura fallu 1870 experts, travaillant dans 127
pays, pour dresser le bilan de santé de la population mondiale. Un
travail titanesque, publié jeudi dans The Lancet, qui fait
ressortir de grandes tendances: globalement, la santé des gens
s'améliore. Mais les progrès sont inégalement répartis. La
population mondiale a gagné plus de 10 ans d'espérance de vie depuis
1980, un bond que l'on peut attribuer notamment au recul de la mortalité
lié à des maladies infectieuses (sida, paludisme, diarrhées). Au
Swaziland, l'espérance de vie, parmi les plus basses du monde, a ainsi
progressé de 7 à 11 ans depuis 2005. À l'inverse, elle a reculé en Syrie
sous l'effet de la guerre, notamment pour les hommes (moins 11 ans). La
part globale des décès dus aux maladies cardiovasculaires et aux
cancers régresse aussi, mais à un rythme plus lent.
Sur
les 56 millions de décès constatés en 2015, 70% ont été causés par des
maladies non transmissibles, souvent liées au mode de vie (alimentation,
activité physique, tabac, alcool, etc.). Parmi les facteurs de
risques majeurs de décès figurent la pollution de l'air et le tabagisme,
responsables respectivement de 6,5 et 7,1 millions de morts en 2015.