lundi 1 octobre 2018

Pupille

Cette fiction sensible et documentée suit le processus de l’adoption, de la mère biologique à la future maman, en passant par l’aide sociale. 


Théo, né sous X, est confié à l’adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. Alice, 41 ans, attend depuis dix ans, et nombre de démarches, de devenir mère adoptante. Pupille est l’histoire de leurs trajets respectifs vers leur rencontre, acmé bouleversante permise par une chaîne de travailleurs sociaux dévoués : trois mois de suspense psychologique, tendu. A partir d’un long travail de documentation, et grâce à une savante construction scénaristique, Jeanne Herry (Elle l’adore) tisse un thriller affectif, où chaque regard devient vital pour Théo, et où chaque mot soutient Alice dans sa démarche.


Il y a d’abord cette « recueillante », si douce et pédagogue, qui aide la mère biologique dans sa décision, puis chaque maillon des services de l’aide sociale à l’enfance et de l’adoption, attentif à ce qu’un lien, neuf, naisse. Jeanne Herry rend un bel hommage à ces fonctionnaires qui négligent leur propre vie, l’une cachant sa grossesse (Olivia Côte, magnifique) pour ne pas blesser ses interlocuteurs privés d’enfants, l’autre se gavant de bonbons pour continuer de croire à la douceur des choses (Sandrine Kiberlain, délicate). Le romanesque s’engouffre partout : dans une chambre d’hôpital, un bureau d’administration, jusqu’à la maison de cet accueillant qui veille sur ce bébé en attendant qu’il trouve une nouvelle maman. Dans ce rôle-là, Gilles Lellouche, tout en humanité, apporte une chaleur tendre et inquiète quand, soudain, le petit Théo semble souffrir d’un trouble de l’attachement. Et puis il y a Elodie Bouchez, dont la voix claire, puis tremblante de dépit ou de bonheur, restitue, à elle seule, le difficile et lumineux chemin d’une adoption. Pupille offre, entre autres, cette émotion-là : la renaissance d’une grande actrice.

Source : Télérama.

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