Les 612 sans-abris morts en 2018, recensés par le collectif Les morts de la rue, avaient en moyenne moins de 50 ans.
Les
SDF, dont le décès a pu être recensé en 2018, sont en moyenne morts
avant l’âge de 50 ans, a annoncé mardi 28 octobre ce collectif, qui
analyse ces décès chaque année . « Ils meurent trente ans plus tôt que la moyenne de la population, en été comme en hiver », déplore la coordinatrice du collectif Les morts de la rue, Cécile Rocca « Ce n’est pas une histoire de saison, mais les conditions de vie à la rue qui sont en cause », a-t-elle ajouté.
En 2018,
le collectif, qui recense les décès en s’aidant de signalements de ses
partenaires et des médias, a dénombré 612 personnes mortes dans la rue,
soit 15 % de plus que l’année précédente. Mais « on est très loin de l’exhaustivité », met en garde Mme Rocca.
De précédentes recherches avaient ainsi estimé que le nombre réel des
SDF décédés était six fois plus important que celui recensé par le
collectif.
Les femmes meurent encore plus jeunes
L’analyse des conditions de ces décès montre aussi la violence de la vie dans la rue : ces SDF sont morts en moyenne à « 48,7 ans contre 82,18 ans en population générale », et 27 % des morts sont liées à « des accidents, des agressions ou des suicides », 36 % à des maladies. « Les
personnes SDF décédées sont majoritairement des hommes jeunes qui ont
vécu de longues années à la rue, et qui ont souffert de maladies,
d’addictions et de troubles psychiatriques », selon l’étude.
Le collectif souhaite également attirer l’attention sur les femmes, souvent « invisibles » dans la rue. Elles représentent 9 % des décès recensés entre 2013 et 2018, mais ce chiffre est « très probablement sous-estimé ».
Et l’analyse montre qu’elles meurent encore plus tôt que leurs
homologues masculins, à 45,6 ans en moyenne, le plus souvent d’une
maladie.
Face
à cette réalité, Les morts de la rue réclame des mesures spécifiques :
mise à l’abri prioritaire, structures d’hébergement non mixtes, accès
aux soins renforcé… Le collectif recommande également de renforcer la
continuité de l’accompagnement social et médical de tous, hommes comme
femmes. « Certains lieux d’urgence sont devenus des locaux de stabilisation alors qu’ils ne sont pas faits pour ça », déplore Mme Rocca. « On
met à l’abri pendant l’hiver car il fait froid, mais ce qui aide
vraiment les personnes, c’est une prise en charge dans la continuité. »
Source : Le Monde, 29/10/2019.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire