samedi 2 novembre 2019

Les SDF meurent « trente ans plus tôt que la moyenne de la population »

Les 612 sans-abris morts en 2018, recensés par le collectif Les morts de la rue, avaient en moyenne moins de 50 ans. 


Les SDF, dont le décès a pu être recensé en 2018, sont en moyenne morts avant l’âge de 50 ans, a annoncé mardi 28 octobre ce collectif, qui analyse ces décès chaque année . « Ils meurent trente ans plus tôt que la moyenne de la population, en été comme en hiver », déplore la coordinatrice du collectif Les morts de la rue, Cécile Rocca « Ce n’est pas une histoire de saison, mais les conditions de vie à la rue qui sont en cause », a-t-elle ajouté.
En 2018, le collectif, qui recense les décès en s’aidant de signalements de ses partenaires et des médias, a dénombré 612 personnes mortes dans la rue, soit 15 % de plus que l’année précédente. Mais « on est très loin de l’exhaustivité », met en garde Mme Rocca. De précédentes recherches avaient ainsi estimé que le nombre réel des SDF décédés était six fois plus important que celui recensé par le collectif.

Les femmes meurent encore plus jeunes

L’analyse des conditions de ces décès montre aussi la violence de la vie dans la rue : ces SDF sont morts en moyenne à « 48,7 ans contre 82,18 ans en population générale », et 27 % des morts sont liées à « des accidents, des agressions ou des suicides », 36 % à des maladies. « Les personnes SDF décédées sont majoritairement des hommes jeunes qui ont vécu de longues années à la rue, et qui ont souffert de maladies, d’addictions et de troubles psychiatriques », selon l’étude.
Le collectif souhaite également attirer l’attention sur les femmes, souvent « invisibles » dans la rue. Elles représentent 9 % des décès recensés entre 2013 et 2018, mais ce chiffre est « très probablement sous-estimé ». Et l’analyse montre qu’elles meurent encore plus tôt que leurs homologues masculins, à 45,6 ans en moyenne, le plus souvent d’une maladie.

Face à cette réalité, Les morts de la rue réclame des mesures spécifiques : mise à l’abri prioritaire, structures d’hébergement non mixtes, accès aux soins renforcé… Le collectif recommande également de renforcer la continuité de l’accompagnement social et médical de tous, hommes comme femmes. « Certains lieux d’urgence sont devenus des locaux de stabilisation alors qu’ils ne sont pas faits pour ça », déplore Mme Rocca. « On met à l’abri pendant l’hiver car il fait froid, mais ce qui aide vraiment les personnes, c’est une prise en charge dans la continuité. »

Source : Le Monde, 29/10/2019.

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