Les conditions de vie et de santé des plus précaires se sont dégradées en France
Dans
un rapport publié mercredi, l’association Médecins du monde dresse le
bilan de ses opérations menées dans l’hexagone en 2018.
L’association Médecins du monde réclame un «changement de cap» et une
«inflexion des politiques régressives à l’égard des populations les
plus fragiles», notamment migrants et étrangers, qui voient leurs
conditions de vie et de santé se dégrader, selon un rapport publié
mercredi 16 octobre, à la veille de la journée mondiale du refus de la
misère. «Les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux, voire
ne sont pas une priorité du gouvernement», déplore en préambule du
rapport Yannick Le Bihan, directeur des opérations France de l’ONG. «Nous constatons que les conditions de vie de ces personnes (les plus
précaires) se sont globalement dégradées depuis le début du
quinquennat. Il est impératif d’opérer un changement de cap»,
souligne-t-il, en dénonçant notamment «la volonté de(s) dirigeants de
remettre en cause l’universalité de l’accès à la santé» et des
«dispositifs d’hébergement de réinsertion sociale, d’urgence, d’accueil
des demandeurs d’asile (...) insuffisants».
24.000 personnes reçues
Ce rapport sur l’accès aux droits et aux soins synthétise l’activité
des 62 programmes menés par Médecins du monde en 2018 sur 33 sites de
France métropolitaine et Outre-mer. En 2018, 24.072 personnes ont
notamment été reçues dans les centres d’accueil, de soins et
d’orientation (Caso), majoritairement des jeunes (47% ont entre 18 et 34
ans) et des hommes (64,2%). Dans la quasi-totalité des cas (97,3%), ces
personnes sont de nationalité étrangère, originaires essentiellement
d’Afrique subsaharienne (49,8%) et du Maghreb (23,5%). Près de 62% des personnes accueillies sont en situation irrégulière.
Et plus d’un tiers des étrangers en situation régulière sont en
situation administrative précaire, avec un titre de séjour de moins de
six mois «et peuvent basculer rapidement dans l’irrégularité», souligne
l’association.
Aggravation des conditions de vie et de santé
D’une manière générale, elle relève «une aggravation des conditions
de vie et de santé des exilés avec une augmentation des espaces
d’indignité dans toutes les métropoles françaises», conséquence
notamment selon elle de la loi Asile immigration de 2018. Cette loi, «loin de proposer une amélioration des conditions
d’accueil (...) se concentre sur le schéma national de répartition des
demandeurs d’asile et prévoit de nombreux cas de retrait des conditions
matérielles d’accueil en cas de non-respect des orientations en région
proposées aux demandeurs d’asile», déplore l’ONG.
«Les menaces récurrentes contre l’Aide médicale de l’État (AME) - qui
garantit l’accès aux soins des personnes étrangères en situation
irrégulière - sont le reflet d’une instrumentalisation des enjeux de
santé au service d’autres politiques et notamment d’une politique
migratoire répressive», ajoute Yannick Le Bihan. L’ONG s’inquiète également de la part des mineurs reçus en Caso qui
«a augmenté progressivement au cours des dix dernières années». Les 3564
mineurs accueillis l’an dernier, d’un âge moyen de 10,9 ans,
représentent 14,8% de la file active totale de ces centres. Ils sont
principalement originaires d’Afrique subsaharienne (54,5%), notamment de
Guinée (17,7%) et de Côte d’Ivoire (13,7%). La plupart d’entre eux sont «en situation d’errance et de grande
précarité sans pouvoir accéder aux mesures de protection dont ils
doivent bénéficier en France». Près de 40% d’entre eux vivent dans des
conditions très précaires, sans domicile fixe (31%) ou vivant en squat
ou bidonville (8%).
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