Selon le Défenseur des droits, certains chirurgiens-dentistes, gynécologues et psychiatres refusent de donner des rendez-vous aux patients bénéficiaires de la CMU. C’est-à-dire aux patients les plus précaires.
Se voir
refuser un rendez-vous médical au motif que l’on est bénéficiaire d’une
aide à la complémentaire santé. C’est un phénomène qui existe bel et
bien, selon un test mené au début de l’année par le Défenseur des droits
et le Fonds CMU-C auprès de 1 500 cabinets médicaux. L’enquête, publiée
le mardi 29 octobre, démontre que 9% des chirurgiens-dentistes, 11% des
gynécologues et 15% des psychiatres libéraux discriminent les patients les plus démunis.
Des disparités selon les régions
Il s’agit là de l’enquête la plus vaste
menée depuis près de quinze ans. Elle révèle qu’en moyenne, 12% des
cabinets contactés en France se montrent discriminants. De plus, le taux
de discriminations est différent selon les régions et les villes. En
effet, Paris fait partie des mauvais élèves. Près de quatre dentistes
sur dix (38,2%), un gynécologue sur quatre (26,2%) et un psychiatre sur
trois (31%) refusent de donner un rendez-vous à des patients en
difficultés financières. Toutefois, l’enquête a montré que le taux de
refus de soins n’est pas lié au nombre de médecins présents. Les
patients vivant dans un désert médical ne sont pas plus exposés à ces
discriminations.
Les médecins trouvent des excuses
Ces résultats confortent ceux des études précédentes.
Le Défenseur des droits a souhaité cependant élargir les échantillons
et les périmètres géographiques. “Dans deux cas sur trois, les refus de
soins sont déguisés sous un autre motif et les patients ne savent pas
qu’ils en sont victimes, d’où l’intérêt de la méthode du testing”,
détaille Marielle Chappuis, chargée d’études auprès du Défenseur des
droits. Le testing a été réalisé à partir de trois profils de patients
fictifs, soit 4 500 demandes de rendez-vous. Le taux global de refus
concerne 42% des patients bénéficiaires de la CMU-C (couverture maladie
universelle complémentaire) ou de l’ACS (aide au paiement d’une
complémentaire santé). Ce taux varie de 25% à 66% selon la spécialité
des médecins.
Plus de 7 millions de personnes en situation précaire
De plus, les médecins spécialistes
inscrits en secteur 2, qui peuvent pratiquer des dépassements
d’honoraires, ont tendance à être plus discriminants que ceux inscrits
en secteur 1. Pour le Défenseur des droits, cela peut s’expliquer par
des complexités administratives. En effet, ces médecins doivent
pratiquer le tiers payant et par conséquent, se faire rembourser ensuite
par la Sécurité sociale. Conséquence de ces refus de rendez-vous, les
patients les plus précaires refusent de se soigner, ou alors se tournent vers les urgences. Aujourd’hui, on compte 5,64 millions de bénéficiaires de la CMU-C et 1,7 million de bénéficiaires à l’ACS. Ces deux dispositifs doivent être fusionnés le 1er
novembre 2019. Ainsi, 7,3 millions de personnes devront être dispensées
à l’avance de frais. Aucun dépassement d’honoraires ne pourront leur
être appliqués.
Source : pourquoidocteur.fr, 30/10/2019.
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