D’après le « Portrait social » dressé par l’Insee, les écarts de niveau de vie ont renoué, en 2016, avec leurs niveaux de 1990.
Seulement,
ce sont aussi ces ménages qui ont subi de plein fouet l’augmentation
des prix du tabac et de la taxe intérieure de consommation sur les
produits énergétiques. Hausse qui, conjuguée à l’envolée du baril de
pétrole l’an passé, a été le déclencheur du mouvement des « gilets
jaunes ».
La crise sociale
qui a suivi, nourrie par les craintes de déclassement de pans entiers de
la population, a eu le mérite de reposer la question de la répartition
des richesses en France. Le pays a beau rester l’un des plus égalitaires
au monde, les écarts de niveaux de vie se creusent à nouveau depuis les
années 2000. D’après l’Insee, les inégalités ont même renoué en 2016
avec leurs niveaux de 1990. Et le phénomène a continué en 2018.
Amélioration sensible du sort des retraités
L’angoisse
que cette tendance peut susciter est d’autant plus aiguë chez les
classes moyennes et modestes qu’il n’en a pas toujours été ainsi : entre
1975 et 2005, les inégalités ont baissé presque en continu, la
croissance compensant en partie la progression du chômage et des emplois
à temps partiel. Le niveau de vie médian avant redistribution,
c’est-à-dire avant les prélèvements et prestations, a progressé de 69 %
sur la période.
Les 10 % les
plus pauvres ont vu leurs revenus croître de 4 060 euros à l’année
en 1975 (en euros constants) à 6 660 euros en 2016. Dans le même temps,
celui des 10 % les plus aisés a bondi de 27 540 à 40 530 euros. On a
également observé une amélioration sensible du sort des retraités, dont
le niveau de vie médian a dépassé en 2012 celui des actifs.
Selon l’Insee, « tous les indicateurs enregistrent, entre 2002 et 2008, leur plus faible niveau d’inégalités ».
La vraie rupture intervient finalement avec la crise. A ce moment-là,
les revenus les plus faibles dégringolent, tandis que ceux des ménages
les plus aisés augmentent ou se stabilisent. S’ensuit « une période de stagnation des niveaux de vie inédite au cours de quarante dernières années ».
Si les disparités n’ont pas explosé, c’est que les transferts socio-fiscaux ont joué un rôle d’amortisseur « particulièrement important ». « Depuis 2008, l’effet redistributif accru du système socio-fiscal a largement compensé la hausse des inégalités. » En 2016, les 10 % des Français les moins aisés touchaient 46 % des prestations sociales.
On
ignore pour le moment les effets qu’ont eus sur le niveau de vie les
mesures prises en décembre 2018 pour répondre à la colère des « gilets
jaunes ». D’après les estimations, le pouvoir d’achat devrait progresser
de 2,3 % cette année. Le gouvernement a également annoncé 5 milliards
de baisse d’impôt pour 2020. Des mesures censées privilégier, cette
fois, les classes moyennes et modestes.
Source : Le Monde, 20/11/2019.
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