jeudi 30 octobre 2014

Le suicide est contagieux à l'adolescence

On décrit souvent les adolescents comme des êtres influençables. Une récente étude sur les comportements suicidaires corrobore cette idée. Quand un membre de son entourage a tenté de mettre fin à ses jours, un adolescent a plus de risques de développer des pensées suicidaires, voire d’essayer à son tour de se donner la mort. Deux chercheurs en sociologie de l’université de Memphis se sont penchés sur les données de l’enquête nationale longitudinale sur la santé des collégiens et des lycéens aux États-Unis. Les auteurs ont pris soin de se concentrer sur les jeunes qui n’avaient pas déclaré de comportements suicidaires lors de la première vague de l’enquête, en 1994-1995. Ils ont surveillé l’apparition de telles conduites un an et six ans après la tentative de suicide d’un proche.

À la lueur des résultats, les garçons apparaissent moins vulnérables que les filles : dans les mêmes circonstances, la probabilité de développer des comportements suicidaires est plus grande pour ces dernières. L’hypothèse des auteurs ? Elles seraient plus affectées car elles ont tendance à construire des relations plus intimes avec leur entourage et font davantage preuve d’empathie. Pour les filles comme pour les garçons, l’effet de contagion s’avère également plus fort face à l’acte désespéré d’un ami,
plutôt qu’à celui d’un membre de la famille. D’autres recherches ont mis en évidence le mouvement important d’identification aux pairs, caractéristique de l’adolescence, qui accompagne les efforts de différenciation vis-à-vis de l’entourage familial. Enfin, après la tentative de suicide d’un proche, l’effet sur les comportements des jeunes étudiés est durable : il persiste au moins un an et s’estompe de manière significative sous six ans.

Aurélia Descamps - Sciences Humaines novembre

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