samedi 5 novembre 2016

5,5 millions de femmes mourront du cancer en 2030 ? Réduisez vos facteurs de risques

"Le cancer pourrait tuer 5,5 millions de femmes chaque année en 2030", affirme la Société américaine du cancer. Un chiffre inquiétant qu’il faut néanmoins replacer dans un contexte mondial d’une population croissante, vieillissante et avec un allongement de l’espérance de vie des femmes, précise le Docteur Jérôme Viguier, directeur du Pôle Santé publique et Soin de l'Institut national du cancer.

Ces projections ont été publiées par la Société américaine du cancer (ACS). Elles tablent sur une augmentation importante du nombre de cancers entre 2012 et 2030. Les résultats de projections, qui par essence sont basés sur de nombreuses hypothèses, doivent toujours être considérés avec une certaine prudence. Il y a une très grande hétérogénéité entre les différents pays sur le poids des différents cancers, sur la variation de leur fréquence dans le temps.
Les estimations sont basées sur des données dont la qualité et l’exhaustivité ne sont pas équivalentes. De plus, les projections à 20 ans sont impactées par les politiques de prévention de dépistage des cancers mises en place selon les pays, ainsi que par les ressources mobilisables pour le traitement. Ainsi, les pronostics se trompent parfois. Faits à un jour J, ils ont tendance à prévoir une courbe d’évolution régulière sur la durée. En réalité, c’est rarement le cas en ce qui concerne cette maladie.

Le risque de développer un cancer baisse 

Au-delà des limites des projections, il faut absolument considérer dans ces chiffres la part mécanique de cette augmentation du nombre de cancers.
En effet, la conjonction de l’augmentation de la population mondiale et de son vieillissement, lié à l’augmentation globale de l’espérance de vie, fait que la population dans la tranche d’âge où se développent la plupart des cancers est de plus en plus importante.
Ainsi, si le nombre de femmes qui développent ou qui meurent d’un cancer augmente, c’est en grande partie parce que leur nombre sur la planète augmente et qu’elles ont tendance à vivre de plus en plus longtemps. Et comme on le sait : le cancer est davantage une maladie de deuxième partie de vie. Cependant, chaque femme a en réalité moins de risques d’avoir un cancer du sein aujourd’hui qu’il y a dix ans. Ce sera toujours le cas en 2030. Un chiffre seul ne veut rien dire.
Ces raisons mécaniques expliquent en grande partie cette augmentation annoncée des cas et par conséquence des décès par cancer chez les femmes. D’autres causes, notamment les évolutions sociétales, participent à cette évolution. En effet, il ne faut pas oublier que jusqu’à 40% des cancers pourraient être évités en modifiant nos comportements. Un chiffre intéressant à connaître. Ainsi, le tabac, l’alcool, la mauvaise alimentation et le manque d’activité physique sont des facteurs générateurs de cancers dans . Il est donc fondamental pour les pouvoirs publics de continuer et de renforcer le travail de prévention dans le monde entier. En France, 30% de la population fume… Nous avons encore beaucoup de chemin à faire.

 

Surveillez votre mode de vie

Le mode de vie, et son évolution constaté notamment en occident, est aussi en partie responsable de l’augmentation des cas de cancer.
Le mode de vie plus sédentaire, l’alimentation trop riche en graisse et en viande rouge, pauvre en légumes et fruits sont des facteurs de risques connus. Parallèlement, pour le cancer du sein par exemple, les grossesses plus rares ou survenant plus tard dans la vie et la diminution de l’allaitement maternel, sont des évolutions des modes de vie qui exposent plus au cancer.
Ce type de publications permet de rappeler les enjeux du cancer, son poids attendu de plus en plus lourd dans le monde, et le caractère un peu inéluctable, face à l’accroissement de la population mondiale et à l’allongement de la durée de vie, du nombre de cas à prendre en charge. Mais, par les différentes localisations de cancers qu’elles pointent comme allant le plus augmenter, ces données rappellent aussi qu’il n’est pas impossible de changer la donne, au moins en partie.
Elle permettent d’informer les personnes et de les prévenir des dangers qu’elles encourent qui doivent inciter, quand cela est possible, à modifier ses comportements à risque et à adopter au maximum un mode de vie qui limite son risque de développer un cancer.

Un combat international

Au-delà de l’approche individuelle, ce type d’études est aussi utile pour la politique sanitaire d’un pays et pour la stratégie développée par les pouvoirs publics pour lutter contre cette maladie et accueillir au mieux cette augmentation annoncée.
Evaluer le nombre de cancer d’ici 2030, permet de s’organiser, de s’équiper et d’anticiper sur les moyens nécessaires (médicaments, infrastructures).Cela rappelle aussi l’importance de la mobilisation des moyens de prévention et de détection précoce qui permettent d’inféchir les courbes d’évolution des nouveaux cas de cancer ou de diminuer leur gravité et donc d’améliorer leur pronostic.
Ces chiffres permettent aussi d’instaurer des synergies entre les pays. La lutte contre le cancer n’est pas pour les états une lutte solitaire. La recherche contre cette maladie est internationale. Les politiques de prévention et de dépistage sont souvent menées en cohésion entre les pays, les dispositifs les plus avancés servant de "poissons pilotes" pour les autres.
(...)

Nouvel Observateur, 04/11/2016. 

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