vendredi 25 novembre 2016

Le numérique bouleverse les pratiques médicales : pour le meilleur ou pour le pire ?

Chaque jour, des innovations numériques bousculent les pratiques des professionnels de la santé. Pour plus d’efficacité quand il s’agit de lutter contre les déserts médicaux, mais aussi avec de nouveaux questionnements éthiques, dès lors que des robots remplacent le diagnostic humain. Pour faire le point, la Fondation Cognacq-Jay a rassemblé des experts lors d’un colloque sur la numérisation de la médecine.

 

Comme beaucoup d’autres secteurs, la numérisation bouleverse le secteur sanitaire et social. Nous n’en sommes qu’au début de ce que les spécialistes nomment « disruption », mais c’est pour essayer d’en analyser déjà les impacts, tant pour les patients que pour les médecins ou les aidants, que la Fondation Cognacq-Jay a organisé un colloque sur le thème : « Numérique, lien social ou isolement ? ».
Cela a permis aux participants de développer les aspects positifs de la digitalisation, mais aussi de prévenir sur les dangers qui guettent le tout-numérique, et d’alerter sur la question de l’accessibilité de tous les publics.

Une plateforme ou une application n’ont pas d’émotions

 

D’emblée, Axel Kahn, généticien, directeur de recherches à l’Inserm, a rappelé que « la numérisation transforme considérablement le rôle du médecin, mais elle ne remplace pas la relation particulière qui unit le médecin à son patient. Une plateforme ou une application n’ont pas d’émotions ; elles aident à la décision humaine et proposent des scénarios ».
Le médecin, le psychologue, l’infirmier, garderont toujours la place de tiers de confiance, que ne peuvent prendre des machines. Pour Joëlle Dulauroy, psychologue à l’hôpital Cognacq-Jay, c’est une évidence que la machine ne puisse se substituer aux humains : « j’accompagne des aidants et des proches qui font de l’accompagnement en soins palliatifs. Leur place est irremplaçable et d’ailleurs reconnue par la loi du 9 juin 1999 sur les bénévoles d’accompagnement ».

Même des machines peuvent contribuer à rompre l’isolement

 

Et pourtant… Même des machines peuvent contribuer à rompre l’isolement. Lors de la conférence, deux exemples ont été présentés dans ce sens. L’entreprise sociale L’Effet Papillon expérimente à Laval le programme Bliss. « Il s’agit de lunettes de réalité virtuelle. Elles sont portées par des patients pendant une opération et leur permettent d’atténuer la douleur », explique Mélanie Péron, fondatrice de L’Effet Papillon.
De son côté, le laboratoire Bristol Myers Squibb développe le projet Vik-e, un robot de téléprésence piloté par des enfants malades au sein de l’Ihope de Lyon.

Source : Gazette Santé Social, 25/11/2016. 


Les actes de télémédecine ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale

 

En attendant la généralisation de ces innovations technologiques, la digitalisation a des impacts plus immédiats, comme pour la télémédecine. « Elle est utilisée à la fois pour lutter contre les déserts médicaux, mais aussi pour améliorer l’expertise médicale. Pour autant, si la loi Hôpital, santé, territoires, reconnaît l’existence de la télémédecine, elle ne lui a pas donné de moyens ; les actes de télémédecine ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale », précise Emmanuelle Pierga, responsable de la communication d’Orange HealthCare.

Vigilance sur les risques d’Uberisation du secteur de la santé

Pour l’heure, ces innovations sont portées par des collectifs d’acteurs, avec en leur sein une large présence des professionnels de la santé. Leur implication dans les transformations numériques empêche pour le moment toute dérive vers l’ubérisation du secteur de la santé, au sens d’une dérégulation et d’une marchandisation. Mais la vigilance reste de mise.

Source : Gazette Santé Social, 25/11/2016.

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