mardi 22 novembre 2016

Comment redonner confiance en l’école ?


ÉDUQUER, C’EST L’AFFAIRE DE TOUS. Poser la question de la confiance envers notre système éducatif oblige à repenser les problèmes qui le traversent, et à envisager sa transformation sur un plus long terme.

Défiants à l’égard des institutions, les Français conservent une relative confiance en leur école. Notamment les jeunes. Le baromètre « Jeunesse et confiance », publié par le laboratoire d’idées Vers le haut, en partenariat avec La Croix, le montre (1).
Alors que seuls 22 % des 16-25 ans déclarent faire confiance aux hommes politiques pour leur assurer un avenir, ils sont 67 % à faire confiance à l’école « pour assurer à tous l’acquisition des savoirs de base ». Ils sont en revanche plus sceptiques sur sa capacité à réduire les inégalités sociales (42 % de confiants), et à assumer ses missions éducatives comme l’apprentissage du respect des autres (53 %), ou l’épanouissement de chacun (41 %).
« L’école reste malgré tout le service public de proximité le plus plébiscité », reconnaît Éric Debarbieux, spécialiste des violences scolaires (2). Notamment dans les quartiers défavorisés où elle est le seul bastion encore un peu solide pour les familles en déshérence. Mais cet édifice commence à se fissurer, à craquer d’un peu partout.

Le boom du marché des cours particuliers

 

Les enquêtes Pisa, très médiatisées, qui pointent chaque année les mauvaises performances du système éducatif français contribuent à l’éroder. De plus en plus de parents cherchent à combler ses failles, en ayant recours à des prestataires privés.
Le boom du marché des cours particuliers, des coachs en orientation et autres prépas privées en atteste. « Le fait que les parents sollicitent autant le soutien scolaire payant est révélateur d’une perte de confiance », souligne Arnaud Parienty, enseignant en sciences économiques et sociales, auteur de School business (3).
Ce marché, qui représente plus de 2 milliards d’euros, serait le plus important d’Europe. « Et il touche aussi des familles modestes, qui s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants. » « L’éducation nationale devrait prendre plus au sérieux ces signaux, estime Arnaud Parienty, en développant un accompagnement personnalisé de qualité. »
Les parents les plus favorisés sont également de plus en plus nombreux à se tourner vers des écoles hors contrat, proposant des pédagogies alternatives, « avec notamment l’idée que notre système éducatif ne favorise pas l’épanouissement personnel ni la créativité des élèves ».
« La confiance en l’école est une question à la fois complexe et cruciale pour pouvoir penser les problèmes de l’école en France aujourd’hui », résume Sophie Audoubert, professeur de lettres classiques, qui a enseigné plus de dix ans en Seine-Saint-Denis, et a relaté son expérience dans un livre (4).

La souffrance des enseignants

 

« J’ai le sentiment que la majorité des élèves – et de leurs parents – font confiance aux enseignants, en tant que personnes. Ils comptent beaucoup sur nous, surtout quand leur famille ne peut pas les aider. » 

Hormis au moment des orientations, précise-t-elle, qui cristallisent toutes les méfiances. « Ils ont l’impression qu’on tente de leur imposer une voie, qui les met dans une impasse. Ce qui n’est pas complètement infondé. »
Ils ont également peu confiance en l’école comme ascenseur social. « Ce qui dépasse largement notre rôle, souligne Sophie Audoubert. On nous demande de maintenir la confiance en une école démocratique, qui permettrait à chaque enfant de donner le meilleur de lui-même, alors qu’on ne nous en donne pas les moyens. Pour y remédier, il faudrait, entre autres, réduire les effectifs des classes, car on a besoin d’être dans un rapport d’individualisation plus grand, pour que ceux qui ne réussissent pas ne soient pas broyés dans la masse. »

(...)
Source : La Croix.
Article intégral en ligne : http://www.la-croix.com/Famille/Education/Comment-redonner-confiance-en-l-ecole-2016-11-22-1200804871


 

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