mercredi 23 novembre 2016

L’affaire Mediator en six questions

C’était un médicament contre le diabète vendu ensuite comme un coupe-faim pendant 33 ans par le laboratoire Servier. De son interdiction aux indemnisation des victimes. Focus sur une affaire hors norme.


Qu’est-ce que le Mediator?

 

Servier commercialise le Mediator en 1976. Il s’agissait d’un adjuvant au régime des anti-diabétiques. Et les autorités sanitaires valident cette indication. En 1974, le laboratoire obtient l’autorisation de commercialisation. Pourtant dès 1971 l’OMS (organisation mondiale de la santé) décide de classer le SE780 des laboratoires Servier comme «anorexigène», en raison de sa proximité avec les amphétamines, subtances toxiques pour le coeur. Mais Servier obtient que le médicament reste classé dans les antidiabétiques
Pourtant, dans une audition du 6 juillet 2011, Jacques Duhault, alors âgé de 79 ans explique aux enquêteurs en charge de l’information judiciaire sur le Mediator comment Servier a trompé les autorités pour obtenir sa mise sur le marché. Ce pharmacologue est l’un des découvreurs du médicament en 1966. Duhault travaillera sans interruption dans le laboratoire jusqu’à son départ à la retraite en 2000, excepté en 1978, pour rejoindre comme expert pharmacologue le ministère de la Santé. «Dans les années 60, la règle de base en matière de recherche était de trouver une molécule aboutissant à une diminution de prise alimentaire sans avoir d’effet stimulants centraux», raconte-t-il aux gendarmes. Par ailleurs, dans une étude de 1970 retrouvée par les enquêteurs, Jacques Duhault qualifiait déjà le Mediator de «puissant anorexigène». La déposition du Pr Jean Charpentier, alors âgé de 81 ans, réalisée le 28 juillet 2011 va encore plus loin. Ce neurochirurgien entré chez Servier en 1968 a réalisé, en 1971, des études toxicologiques du médicament. Il a avoué aux enquêteurs avoir été «beaucoup étonné de voir le Mediator sortir comme antidiabétique car ça n’a rien à voir sur le plan expérimental, ni sur le plan clinique. C’est vrai, il diminue la faim».
Le Pr Charpentier, mis en examen dans l’enquête sur le Mediator est décédé le 7 septembre 2015. De même que Alain le Ridant (le 6 septembre 2016), ancien pharmacien du laboratoire, lui aussi mis en examen. Enfin , Jean-Bernard Raimond, témoin assisté pour trafic d’influence est décédé le 7 mars dernier. Il fut ministre des affaires étrangères, député RPR des Bouches du Rhône.

Quand et pourquoi Irène Frachon se penche sur le Mediator?

 

Lors de son internat en pneumologie à l’hôpital Béclère de Clamart, en 1990, elle est confrontée à une épidémie d’hypertension artérielle pulmonaires de patientes ayant pris de l’Isoméride, un coupe-faim de Servier. Cette maladie très rare est bien souvent mortelle et peut nécessiter une greffe des poumons. Le lien est fait entre la pathologie et la prise du médicament, aboutissant à son retrait du marché. En France, en septembre 1997, l’Agence du médicament suspend l’autorisation de mise sur le marché de l’Isoméride et du Ponderal. Mais le Mediator, pourtant cousin germain de ces molécules restera sur le marché français jusqu’en novembre 2009.

(...)

Source : Le Figaro.
Article intégral en ligne : http://sante.lefigaro.fr/article/l-affaire-mediator-en-six-questions 

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire