Le mouvement des gilets jaunes interroge les dynamiques inégalitaires qui travaillent la société française depuis plusieurs années.
Celles qui touchent au revenu, tout d’abord, et qui les condamnent à se serrer toujours davantage la ceinture, notamment face au poids croissant des dépenses de logement. L’injustice fiscale, ravivée par la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). L’inégale répartition de l’effort climatique, qui pèse le moins sur ceux qui polluent le plus. Le stigmate périurbain, enfin, qui réduit la France des ronds-points à une zone de relégation et de repli sur soi, en oubliant le dynamisme économique et démographique de ces territoires.
Ces dynamiques inégalitaires ne datent pas de l’élection d’Emmanuel Macron ; mais la politique qu’il a menée jusqu’ici les a nourries bien plus qu’elle ne les a entravées. Et l’on peine à voir dans les mesures qu’il a fini par concéder de quoi convaincre les gilets jaunes, et avec eux l’ensemble des Français, du contraire.
I/ Le pouvoir d’achat des plus modestes en berne
Au fond, cela aurait pu exploser bien avant. Car depuis dix ans, les revenus du bas de la distribution sont en berne. Selon les données de l’Insee, le niveau de vie moyen des 40 % de Français les moins riches a diminué entre 2008 et 2016 (dernière année connue), cette diminution étant d’autant plus importante que les revenus sont faibles. Le chômage élevé, l’évolution du montant du Smic plus lente que celle de l’ensemble des salaires (un seul « coup de pouce » en 2012) et le développement des emplois à temps partiel, voire très partiel, expliquent en bonne partie cet appauvrissement.
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Source :Alternatives économiques, 21/12/2018.
Article intégral en ligne : https://www.alternatives-economiques.fr/cinq-fractures-francaises/00087498
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