mercredi 19 décembre 2018

Seniors Inégaux face à la fin de vie

Le vieillissement de la population en France a d’importantes retombées en termes d’accueil des personnes âgées en institution. Trois études de la Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé le démontrent.

Soins de suite et de réadaptation

La première réalisée par Claire Charaval, Léa Mauro et Tom Seimandi concerne les établissements de soins de suite et de réadaptation : structures qui prennent en charge des patients, majoritairement âgés, en proposent une hospitalisation de jour ou de nuit. Leur activité, comptabilisée en jours de présence dans ces structures, a augmenté de 16 % entre 2008 et 2016, année où elle atteint près de 38 millions de journées d’accueil pour plus d’un million de patients.
Cela s’explique par le fait que la population vieillissante est plus nombreuse mais aussi par un taux de recours à ce type de structure qui est plus important pour les plus de 90 ans. L’augmentation de l’activité est particulièrement importante dans les cliniques privées, qui concentrent 34 % de l’activité en 2016 contre 30 % en 2008. Sur 1 828 établissements de santé prodiguant ce type de soins, la moitié (900) appartiennent au secteur public, un quart (471) au secteur privé à but lucratif et un autre quart (457) environ au secteur non-lucratif (établissements associatifs, mutualistes, fondations et congrégations). Sachant qu’entre 2008 et 2016, le nombre d’établissements publics est demeuré stable, les cliniques privées ont augmenté de 8 % (+34 établissements) et le secteur privé à but non-lucratif a perdu 23 établissements (- 5 %).
Pour faire face à l’augmentation de la demande, la capacité d’accueil (lits et places) a augmenté de 13 % en huit ans. Mais ces places sont aussi mobilisées de manière plus intensive (avec un taux d’occupation des lits qui a crû de 3 points). L’offre a surtout augmenté dans les cliniques privées (+ 32 % en huit ans), soit nettement plus que dans les hôpitaux publics (+ 8 %) et les établissements du secteur non-lucratif (+ 2 %). Ces structures ont également « développé des alternatives à l’hospitalisation complète ». Le nombre de jours en hospitalisation partielle a ainsi augmenté de 74 % en huit ans contre 11 % en hospitalisation complète.
Néanmoins, la durée moyenne de séjour passe de 30 à 31 jours en huit ans, et augmente en particulier pour les patients de 50 à 69 ans (passant de 28,5 jours en 2008 à 30,5 jours en 2016).
« Les disparités territoriales de capacités d’accueil subsistent encore, note la Drees, mais se résorbent peu à peu. » Ainsi, il existe un nombre important de structures dans le Sud de la France, en lien avec les activités traditionnelles de cures, maisons de repos et établissements de moyen séjour. Mais elles sont désormais mieux réparties sur le territoire. C’était l’un des objectifs de la réforme de 2008 qui a notamment encouragé la médicalisation de ces structures.

Financement des maisons de retraites

La deuxième étude de Malika Zakri et Xavier Besnard analyse la façon dont les seniors financent leur maison de retraite. La moitié des résidents en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépensent au moins 1 850 euros mensuels pour financer leur prise en charge. Il s’agit de la somme déboursée une fois déduites les allocations et les contributions des personnes ayant une obligation alimentaire vis-à-vis de ces personnes. Montant qui varie selon le niveau de perte d’autonomie, mais dépend essentiellement du statut de l’établissement. Cette participation est en effet bien plus élevée dans les établissements privés à but lucratif, puisqu’elle s’élève à au moins 2 420 euros pour la moitié des résidents contre 1 800 euros pour les autres types d’établissements, du secteur non-lucratif ou du secteur public hospitalier.

(...)

Source : Alternatives économiques, 17/12/2018.
Article intégral en ligne : https://www.alternatives-economiques.fr

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