Le sociologue François Dubet et le philosophe américain Michael Sandel montrent, dans leurs livres respectifs, comment les inégalités s'accroissent et menacent le vivre-ensemble - avant d'appeler chacun d'entre nous à réagir.
Entre d'autres temps, il eût paru provocateur de lire sous la plume d'un sociologue de gauche que les inégalités ne se subissent pas mais se choisissent. Il est aujourd'hui plus difficile de récuser l'hypothèse d'une crise de la solidarité, celle-là même qui conduit un gouvernement socialiste, acculé, à prendre acte d'un " ras-le-bol fiscal " et à baisser les impôts. Les chiffres accablants sur la montée des inégalités en France et dans les grandes démocraties occidentales, il conviendrait de les considérer autant comme le symptôme du malaise que comme sa cause. Si la société s'effrite, si elle peine à " faire corps ", pour reprendre le lexique de l'historien des idées Pierre -Rosanvallon, c'est que l'idée d'égalité se voit elle-même bousculée. Et pas seulement elle, mais aussi ce qui la sous-tend : l'imaginaire de la solidarité et de la fraternité, ces deux mots qui ont porté les luttes, révolutionnaires puis sociales.Voilà peu ou prou la thèse défendue par le sociologue François Dubet dans La Préférence pour l'égalité. L'ouvrage partage avec le livre du philosophe Michael Sandel, best-seller mondial, Ce que l'argent ne saurait acheter, une invite à retourner la question : plutôt que d'absorber passivement chaque nouveau palmarès témoignant d'une inexorable montée des inégalités, plutôt que d'attendre, affligés, les prochains travaux de Thomas Piketty, il faudrait sonder nos âmes ; nous -demander quelle est notre tolérance à la faiblesse des solidarités et à l'envahissement de pans entiers de nos vies par la sphère marchande....
Lire la suite dans le dossier du Monde du 26/09/2014 : http://www.lemonde.fr/livres/article/2014/09/24/soigner-la-solidarite_4493673_3260.html
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