vendredi 19 septembre 2014

Film : Alzheimer, Flore, et les moyens de nos ambitions

21 septembre, journée mondiale de lutte contre la maladie

Sortie en salles le 24 septembre 2014.
Lire aussi: 21 septembre: une journée pour Alzheimer

- Il faut aller voir Flore.
Une femme belle, bronzée, au regard saisissant, à l'expressivité immédiate.
Flore est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle a des difficultés à marcher, à s'exprimer, à percevoir le monde qui l'entoure. Elle goûte le vent, la mer, l'amitié. On perçoit à l'écran la vitalité dans la fragilité.

- Un an plus tôt, pourtant, elle était dramatiquement décatie. Grabataire, dénutrie, aphasique. « En toute fin de vie », dit un médecin. Et surtout furieuse, désolée, murée autant que mutique. Enfermement que brisaient uniquement la violence des coups qu'elle opposait aux soignants, et les visites de son fils, seules à lui soutirer un sourire.

- Un an après, réinstallée dans la maison familiale, en Corse, couvée par une équipe de soignants exemplaires, elle connaît une extraordinaire, miraculeuse renaissance. Elle se redresse. Mange à nouveau. Devient volubile – maîtresse d'une langue qui n'appartient qu'à elle. Cherche à se lever de son fauteuil roulant et y parvient, réapprend à marcher.

- Pas de pathos dans ce document. Pas non plus de recette miracle : dans cette aventure hors du commun, il saute aux yeux quelle est l'exceptionnalité des moyens mis en œuvre, absolument inaccessibles au plus grand nombre.

- Flore est atteinte de la maladie d'Alzheimer et s'il faut aller voir le film qui porte son nom - réalisé par un fils ardent, qui a consacré plusieurs mois de sa vie à la redonner à sa mère - c'est pour réfléchir.  

Au sens du mot dignité, dont la figure de ce film est si pleine - sans discours.

A ce à quoi convoquent les liens familiaux, pour le pire et le meilleur. Responsabilité écrasante, exigence parfois impossible.

Au défi immense de l'accueil - jusqu'à l'abnégation - de la dépendance, la faiblesse, la démence.

A la persistance flagrante de la personne qui est en ces malades : émotions, impressions, si fortement ressenties et exprimées.

A ce que la société rend possible, empêche, induit pour eux.

Si nous n'avons pas toujours les moyens et la force de nos ambitions, Flore nous invite à nous demander si, au moins, nous avons des ambitions

Réalisé par Jean-Albert Lièvre. Sortie au cinéma le 24 septembre à l'occasion de la journée mondiale de la maladie d'Alzheimer.

- A découvrir aussi, Les couleurs de l'oubli, un très beau livre, paru (réédition) aux Editions de l'Atelier, de Jean-Claude Ameisen et François Arnold. Ce dernier, artiste plasticien, a animé pendant plus de quinze ans un atelier de peinture, L'Arbre à mains, à l'hôpital Clemenceau de Champcueil (Essonne), pour les grands vieillards et malades d'Alzheimer. C'est leurs oeuvres en couleur, étonamment émouvantes, que l'on retrouve de page en page, assorties de quelques mots sur l'esprit, la personnalité de leur auteur.

"Ce qui nous paraît être de l'ordre de l'impossible peut devenir réalité : il suffit d'ouvrir son coeur, de le laisser parler et d'aller à la rencontre de la personne. Sans préjugé, sans craindre de se perdre, en lui parlant comme si elle allait comprendre, comme si le dialogue ne pouvait que s'engager. Et le dialogue peut s'engager. Il suffit d'être joyeux et la joie peut s'installer. Il suffit de lui proposer de peindre et la personne peut devenir peintre", écrit en conclusion Jean-Claude Ameisen, médecin et actuel président du Comité consultatif national d'éthique. "Il suffit de croire que c'est possible pour que cela puisse devenir réalité."

Magazine "La vie "

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire