lundi 22 septembre 2014

Migrants à Calais : Londres cède aux pressions françaises

Au terme d'intenses négociations, le Royaume-Uni apportera 15 millions d'euros sur trois ans.

Un pas important dans la gestion des questions migratoires à Calais (Pas-de-Calais) a été franchi, samedi 20 septembre, avec la signature d'un accord inédit entre le Royaume-Uni et la France. Alors que depuis plus de quinze ans, les Britanniques faisaient la sourde oreille aux demandes d'aide des Français, un compromis a finalement été trouvé. " C'est une avancée très importante ", s'est félicité le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve.
Principal élément de l'accord : le versement par les Britanniques de cinq millions d'euros par an pendant trois ans dans un " fonds commun ". Cet argent doit essentiellement servir à financer un " plan de sécurisation " du port de Calais, soutenu par la chambre de commerce et d'industrie de la Côte d'Opale, gestionnaire du port.
Ce plan prévoit notamment la pose de clôtures de 4 mètres de haut sur la rocade d'accès à la zone d'embarquement. C'est de là que beaucoup de migrants tentent aujourd'hui de sauter sur les camions. Des assauts de plus en plus massifs. Le 17 septembre, 250 migrants ont tenté, en pleine journée, de se hisser au même moment sur des poids lourds. La troisième tentative du genre en quelques semaines.
Les 15 millions d'euros versés sur trois ans doivent aussi permettre de " fluidifier " le trafic. Les mesures de contrôle ralentissent aujourd'hui fortement le débit de véhicules, au point d'avoir un impact négatif sur la rentabilité du port. Le nombre d'aubettes – postes de contrôle – de l'immigration britannique devrait donc être augmenté. Un parking sécurisé pour les camions en attente est aussi prévu.
Une partie du fonds commun devrait également financer, en partie, la prise en charge des " personnes vulnérables " et le centre d'accueil de jour qui doit être ouvert dans les prochaines semaines, à Calais. Le 2 septembre, douze ans après la fermeture du centre de Sangatte, M. Cazeneuve a en effet donné son feu vert à la réouverture d'un lieu pour la mise à l'abri des migrants durant la journée.
Echanges de fonctionnaires
L'accord prévoit enfin une amélioration de la coopération policière entre les deux pays. Alors que l'entente n'a jamais vraiment été très cordiale entre agents britanniques et français, des échanges de fonctionnaires devraient être développés.
Au cabinet du ministre de l'intérieur, où on a travaillé d'arrache-pied ces dernières semaines pour signer l'accord, on souligne l'effort " d'information commune " qui sera fait auprès des migrants pour les dissuader de rejoindre le Royaume-Uni. " Quand nous, les Français, disons seuls que la traversée est dangereuse, les migrants nous croient moins ", explique-t-on.
La conclusion de cet accord franco-britannique tient beaucoup à l'aggravation du contexte international. Alors que les flux ont été multipliés par deux, en Méditerranée, entre 2013 et 2014, le nombre de migrants à Calais a immédiatement augmenté. Ils seraient aujourd'hui environ 1500, en permanence, à vouloir tenter leur chance, contre 300 à 500 ces dernières années.
Elise Vincent, Le Monde du 23 septembre 2014.

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