mardi 30 septembre 2014

La majorité des personnes âgées dans le monde n'a aucune sécurité de revenu

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Près d'une personne sur deux dans le monde (48 %), ayant dépassé l'âge de la retraite, ne bénéficie d'aucune pension. Et une bonne part des 52 % restant ne perçoit qu'une prestation insuffisante pour vivre. C'est le constat alarmant dressé par l'Organisation internationale du travail (OIT) dans son rapport publié mardi 30septembre, consacré à « La protection sociale des personnes âgées ».
« La majorité des personnes âgées, hommes et femmes, n'ont aucune sécurité de revenu, ni possibilité de prendre leur retraite et doivent continuer de travailler autant qu'elles le peuvent, souvent dans des conditions de précarité, avec de faibles rémunérations », explique Christine Behrendt, spécialiste des politiques de protection sociale à l'OIT et co-auteure du rapport qui passe au crible les politiques récentes de 178 pays.
A l'occasion de la Journée internationale des personnes âgées du 1er octobre, le directeur général de l'OIT, Guy Ryder insiste sur la nécessité d'étendre la couverture des pensions et de leur garantir un accès aux soins.« En 2050, le nombre de personnes de plus de 65 ans aura triplé dans le monde et les trois quarts d'entre elles vivront dans les pays en développement », dit-il.

  • Les déséquilibres persistent entre économies développées et émergentes
Or, les déséquilibres restent importants entre les économies occidentales, pourvues de systèmes de retraite assis sur des cotisations sociales, et les pays en développement, avec des taux d'emploi informel ne permettant pas le financement de prestations.
La part des dépenses publiques consacrée aux retraites représente de 0 à 2 % du PIB des pays à faible revenu, contre 11 % dans les pays d'Europe occidentale à revenu élevé.
  • La couverture s'améliore toutefois chez certains pays émergents
Mais, certains pays émergents ont étendu de façon importante leur système de retraite. Plus d'une vingtaine d'entre eux, parmi lesquels l'Argentine, la Bolivie, le Bostwana, la Géorgie, le Kosovo, la Namibie ou encore l'Afrique du Sud, ont presque achevé, durant les dix dernières années, la mise en place d'une « couverture universelle ».
En Chine, au Lesotho, en Thaïlande, au Timor-Est et en Tunisie, cette couverture est passée de 25 % de la population à plus de 70 %, entre2000 et 2012. Ces systèmes, financés par l'impôt, touchent ceux qui ne bénéficient pas d'un régime par répartition.
Certains pays, comme l'Argentine, le Chili, la Hongrie ou encore la Pologne, qui avaient choisi de privatiser leur système de retraite dans les années 1980- 1990, reviennent sur cette politique, par une renationalisation partielle ou intégrale. Leur but est « d'améliorer les taux de couverture et la sécurité de revenu pour les personnes âgées. »
  • Mais le niveau des prestations reste souvent insuffisant
Si la tendance est « très positive » pour Isabel Ortiz, directrice du département de la protection sociale de l'OIT, « la garantie de prestations de retraite suffisantes est aussi importante que l'élargissement de la couverture. »
Et la mise en place de ces couvertures universelles ne permet, dans la plupart des cas, que le versement de pensions minimum.
  • Et dans les pays occidentaux l'austérité réduit les revenus
Quand les économies émergentes tentent de construire ou d'étendre leurs systèmes de protection sociale, les pays occidentaux sont, eux, engagés, depuis la crise économique de 2008, dans des politiques d'assainissement budgétaire qui réduisent l'éventail des prestations sociales.
« Les mesures d'ajustement consistaient à couper dans des dépenses de santé et autres services sociaux, ainsi qu'à réformer les retraites en relevant l'âge de départ en retraite, en diminuant les prestations et en augmentant les taux de cotisation », avance l'OIT.
Ce choix de réduction des dépenses sociales est une erreur économique pour l'organisation internationale qui regroupe les représentants des gouvernements, des employeurs et des syndicats de 185 pays. « Les dommages de l'austérité ne se manifestent qu'à long terme. La baisse des niveaux de revenu des ménages aboutit à une diminution de la consommation intérieure et affecte la reprise de l'économie », analyse Mme Ortiz.
En 2050, les futurs retraités toucheront des pensions réduites, comparé à 2010, dans la plupart des pays européens : Grèce, Espagne, Italie, France, Norvège, Finlande, Autriche, Allemagne…
Le Monde 30/10/2014

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