L'objectif vise à réduire les dépenses de santé et à lutter contre le gaspillage des médicament
L'appel est lancé. Dans quatre régions (PACA, Ile-de-France, Lorraine et Limousin), les pharmaciens peuvent désormais déposer leur candidature auprès de leur agence régionale de santé (ARS) pour expérimenter la vente de médicaments à l'unité.
Le projet, annoncé par la ministre de la santé, Marisol Touraine, en septembre 2013, dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, devrait permettre de réduire les dépenses de santé et de lutter contre le gaspillage des médicaments. L'expérimentation porte sur les antibiotiques. Quatre régions ont été sélectionnées. En PACA, les officines avaient jusqu'au dimanche 31 août pour se porter candidates. Les trois autres ont jusqu'au 8 septembre.
A Paris, la pharmacie Maison-Blanche (13e arrondissement) a d'ores et déjà déposé sa candidature. Pour Anne Aubijoux, pharmacienne associée de l'officine, " c'est une mission de santé publique. L'occasion d'agir face à des problèmes nouveaux qui se posent, tels la résistance aux antibiotiques, la pollution environnementale ou l'intoxication d'enfants à cause d'antibiotiques oubliés dans les placards ".
Les officines participantes seront chargées de veiller à l'acceptabilité par les patients de la délivrance des antibiotiques à l'unité, insiste l'ARS, et à la quantification d'une éventuelle diminution de la quantité d'antibiotiques stockée par les patients. Une mission d'écoute qui viendra compléter un aspect purement économique en évaluant le temps de travail supplémentaire et la modification des volumes d'antibiotiques délivrés.
Quelles économies d'échelle peut-on espérer avec ce dispositif ? " Il ne faut pas faire d'amalgame entre le problème économique et celui de santé publique ", souligne Anne Aubijoux. Pour elle, la priorité reste l'efficacité du système : " La délivrance à l'unité existe déjà pour les stupéfiants comme les dérivés de la morphine ", explique-t-elle. Sur chaque blister – l'opercule qui protège et ferme le médicament –, toutes les informations obligatoires sont mentionnées : date limite de consommation, numéro de lot, nom de la molécule et dosage. Une praticité actuellement absente des boîtes d'antibiotiques.
" L'ARS est restée floue sur les méthodes à employer pour distribuer les notices et le mode de conditionnement qui sera utilisé pour la vente à l'unité des antibiotiques ",regrette ainsi la pharmacienne. Mais cette difficulté ne semble pas la freiner : " Je ne suis ni pour ni contre ce projet ; je vois une action, un cadre, alors je fonce. " Une attitude qui n'est pas légion dans la profession.
Au total, le ministère de la santé espère rassembler une centaine d'officines. Lundi 1er septembre, au lendemain de la fin de l'appel à candidature en PACA, l'ARS se disait satisfaite, sans révéler de chiffres. Vendredi 29 août, celle d'Ile-de-France constatait de son côté que les candidats étaient " très peu nombreux ". Un succès mitigé, qui s'explique, selon Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), par " un ras-le-bol de la profession ". " Depuis huit ans, le contexte général est morose, confie-t-il. La profession fait face à des réformes permanentes, dans un contexte de baisse de prix. Alors les pharmaciens sont plutôt défavorables à l'expérimentation ".
Pour beaucoup, les manipulations supplémentaires nécessaires posent problème. Mélanie Goudard, 27 ans, pharmacienne salariée dans une officine du 6e arrondissement de Paris, en est certaine : " Cela va nous prendre un temps fou, car les conditionnements sont inadaptés. " Une contrainte de temps pourtant envisagée par la FSPF, consultée par le ministère de la santé : " Nous avons estimé un surcoût d'un euro par jour et par patient ", relativise Philippe Besset.
L'expérimentation, d'une durée de douze mois, prévoit " une rémunération spécifique ", explique l'ARS. Les pharmacies expérimentatrices bénéficieront de 1 500 euros par an en un seul versement ; 300 euros pour les pharmacies dites " témoins ", chargées de recenser le volume d'antibiotiques nécessaires en comparaison avec le nombre distribué avec des boîtes de médicaments.
Car l'objectif premier du dispositif est bel est bien de réduire le nombre de délivrances d'antibiotiques. L'Inserm sera chargé de dresser le bilan de l'expérimentation, pour en déterminer, ou non, la généralisation. En moyenne, chaque Français disposerait dans ses placards d'environ 1,5 kg de médicaments. Une situation jugée dangereuse par les professionnels de la santé, car propice à l'automédication, dans un contexte de résistance aux antibiotiques.
Céline Revel-Dumas
Le projet, annoncé par la ministre de la santé, Marisol Touraine, en septembre 2013, dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, devrait permettre de réduire les dépenses de santé et de lutter contre le gaspillage des médicaments. L'expérimentation porte sur les antibiotiques. Quatre régions ont été sélectionnées. En PACA, les officines avaient jusqu'au dimanche 31 août pour se porter candidates. Les trois autres ont jusqu'au 8 septembre.
A Paris, la pharmacie Maison-Blanche (13e arrondissement) a d'ores et déjà déposé sa candidature. Pour Anne Aubijoux, pharmacienne associée de l'officine, " c'est une mission de santé publique. L'occasion d'agir face à des problèmes nouveaux qui se posent, tels la résistance aux antibiotiques, la pollution environnementale ou l'intoxication d'enfants à cause d'antibiotiques oubliés dans les placards ".
Les officines participantes seront chargées de veiller à l'acceptabilité par les patients de la délivrance des antibiotiques à l'unité, insiste l'ARS, et à la quantification d'une éventuelle diminution de la quantité d'antibiotiques stockée par les patients. Une mission d'écoute qui viendra compléter un aspect purement économique en évaluant le temps de travail supplémentaire et la modification des volumes d'antibiotiques délivrés.
Quelles économies d'échelle peut-on espérer avec ce dispositif ? " Il ne faut pas faire d'amalgame entre le problème économique et celui de santé publique ", souligne Anne Aubijoux. Pour elle, la priorité reste l'efficacité du système : " La délivrance à l'unité existe déjà pour les stupéfiants comme les dérivés de la morphine ", explique-t-elle. Sur chaque blister – l'opercule qui protège et ferme le médicament –, toutes les informations obligatoires sont mentionnées : date limite de consommation, numéro de lot, nom de la molécule et dosage. Une praticité actuellement absente des boîtes d'antibiotiques.
" L'ARS est restée floue sur les méthodes à employer pour distribuer les notices et le mode de conditionnement qui sera utilisé pour la vente à l'unité des antibiotiques ",regrette ainsi la pharmacienne. Mais cette difficulté ne semble pas la freiner : " Je ne suis ni pour ni contre ce projet ; je vois une action, un cadre, alors je fonce. " Une attitude qui n'est pas légion dans la profession.
Au total, le ministère de la santé espère rassembler une centaine d'officines. Lundi 1er septembre, au lendemain de la fin de l'appel à candidature en PACA, l'ARS se disait satisfaite, sans révéler de chiffres. Vendredi 29 août, celle d'Ile-de-France constatait de son côté que les candidats étaient " très peu nombreux ". Un succès mitigé, qui s'explique, selon Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), par " un ras-le-bol de la profession ". " Depuis huit ans, le contexte général est morose, confie-t-il. La profession fait face à des réformes permanentes, dans un contexte de baisse de prix. Alors les pharmaciens sont plutôt défavorables à l'expérimentation ".
Pour beaucoup, les manipulations supplémentaires nécessaires posent problème. Mélanie Goudard, 27 ans, pharmacienne salariée dans une officine du 6e arrondissement de Paris, en est certaine : " Cela va nous prendre un temps fou, car les conditionnements sont inadaptés. " Une contrainte de temps pourtant envisagée par la FSPF, consultée par le ministère de la santé : " Nous avons estimé un surcoût d'un euro par jour et par patient ", relativise Philippe Besset.
L'expérimentation, d'une durée de douze mois, prévoit " une rémunération spécifique ", explique l'ARS. Les pharmacies expérimentatrices bénéficieront de 1 500 euros par an en un seul versement ; 300 euros pour les pharmacies dites " témoins ", chargées de recenser le volume d'antibiotiques nécessaires en comparaison avec le nombre distribué avec des boîtes de médicaments.
Car l'objectif premier du dispositif est bel est bien de réduire le nombre de délivrances d'antibiotiques. L'Inserm sera chargé de dresser le bilan de l'expérimentation, pour en déterminer, ou non, la généralisation. En moyenne, chaque Français disposerait dans ses placards d'environ 1,5 kg de médicaments. Une situation jugée dangereuse par les professionnels de la santé, car propice à l'automédication, dans un contexte de résistance aux antibiotiques.
Céline Revel-Dumas
© Le Monde 2/09/2014
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